La Gaule n’est pas devenue « romaine » en un jour, mais au terme d’un long processus d’assimilation qui a duré plusieurs générations. Dès 15-12 av. J.-C., la Gaule intérieure est considérée comme pacifiée. Vers la fin du règne d’Auguste, bénéficiaires des largesses augustéennes, les Éduens se sentent toujours tenus au respect envers la puissance romaine de par leurs liens privilégiés avec Rome. Mais, sous Tibère, en 21, les populations gauloises notamment éduennes remettent en cause l’autorité impériale, selon Tacite : « Dans des conciliabules et des assemblées, ils tenaient des discours séditieux sur la continuité des tributs, l’énormité des intérêts et l’orgueil des gouverneurs… »
En effet, en vertu de leur statut de cité fédérée, les Éduens avaient jusqu’alors échappé à l’impôt provincial. La nouvelle politique de Tibère impose aux provinces les plus riches une lourde contrainte fiscale. Auparavant, la perte du très populaire Germanicus avait causé une grande désolation dans les Gaules et contribué à augmenter un mécontentement latent.
Le soulèvement – qui n’est ni « nationaliste » ni « indépendantiste » – est fomenté au sein de la noblesse par les descendants des equites promus à la citoyenneté romaine par César et Auguste et directement touchés par les initiatives fiscales de Tibère. Les deux chefs, l’Éduen Julius Sacrovir et le Trévire Julius Florus, appartiennent à cette classe de notables gaulois des plus prospères cités des Gaules. Sacrovir, qui fait d’Autun sa capitale, réussit à réunir 40 000 hommes ; il prend en otage les plus nobles rejetons des cités gauloises étudiant dans les collèges de la ville et réuni des partisans venus de cités voisines. Au lieu de se concentrer sur une guérilla, il commet l’erreur de provoquer une bataille rangée avec les légions de Germanie Supérieure : le légat Silius lui inflige une défaite rapide et complète près d’Autun. Sacrovir se suicide alors avec ses fidèles. Cette révolte fut un dernier sursaut qui ne menaça en rien la domination romaine en Gaule.
Il marqua le déclin de l’ancienne aristocratie gauloise et la première ascension d’une nouvelle classe dirigeante celle des entrepreneurs, des commerçants et des artisans. – ÉR
Tacite, Annales, XIII, XL ; – Christine Delaplace, Jérôme France, Histoire des Gaules (VIe siècle av. J.-C./ VIe siècle ap. J.-C.), Paris, Armand Colin (Collection Cursus), 1997, 189 p. ; – Christian Goudineau, Regard sur la Gaule, Paris, Errance, 1998, 366 p., ill.