La mort de Philippe de Rouvres, petit-fils et héritier du duc Eudes IV en 1349, mettait fin à la dynastie capétienne qui régnait en Bourgogne depuis Robert 1er (1031) soit 330 ans. La mère de Philippe, Jeanne de Boulogne, avait épousé dès 1350 en secondes noces le fils aîné du roi de France, Jean, duc de Normandie, futur roi Jean le Bon ; celui-ci assura dès lors le bail du duché et de la comté de Bourgogne et, en 1361, il proclama la réunion du duché à la couronne, mais dut aussitôt composer avec les états réunis à Cîteaux. Le comte de Tancarville devint son lieutenant ; sévèrement défait à Brignais au sud de Lyon par les Tard-Venus, il fut remplacé le 27 juin 1363 par le benjamin du roi, duc de Touraine, Philippe dit le Hardi depuis sa conduite héroïque à Poitiers : « Père gardez-vous à droite, gardez-vous à gauche ! » Le 15 janvier précédent, Philippe avait obtenu l’empereur Charles IV, frère de sa tante Bonne de Luxembourg, l’investiture de la Comté… que possédait la comtesse douairière de Flandre, Marguerite de France. En novembre, Jean lui remit le duché, par lettres restées secrètes. À son décès à Londres où il était captif le 8 avril 1364, Philippe rejoignit son aîné, devenu Charles V et ne le quitta plus jusqu’au 2 juin 1364 où la constitution d’apanage fut promulguée. En juillet, il remit au roi de France la charte d’investiture impériale pour la Comté qu’il retrouvera en 1369 en épousant Marguerite de Flandre, veuve de Philippe de Rouvres et sa cousine… Deux éléments sont à souligner : le roi avait le droit de lever les impositions en ce qui touchait le duc lui-même (ceci pour réserver les prérogatives des états ; les aides levées pour la rançon du roi Jean étaient cédées à Philippe pour une année à titre d’indemnisation) ; le duc gardait la lieutenance et de ce fait participait à la souveraineté dont il recevait délégation (droit de grâce, lettres de noblesse et de rémission…). Le siècle des « Grands ducs de Bourgogne » commençait.- MCB
Pierre Petot, « L’avènement de Philippe le Hardi en Bourgogne et les lettres du 2 juin 1364 », Mémpoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 3e vol., 1936, p. 125-137.