Issu d’une famille protestante du Val de Saône, Jacques Margeret naît à Auxonne vers 1565. Soldat ou mercenaire, il combat pour Henri IV jusqu’à sa conversion au catholicisme, puis s’engage dans les armées d’Europe centrale contre les Turcs en Hongrie et en Pologne. Invité à Moscou en 1600, Boris Godounov le met à la tête de sa cavalerie mercenaire. Peu à peu, le capitaine Margeret commande toutes les troupes mercenaires du tsar. Survient alors l’affaire des « faux Démétrius ». Godounov succédait à un fils d’Ivan le Terrible. Cependant, l’héritier du trône était pour beaucoup le tsarévitch Démétrius, sans doute assassiné par Boris mais dont on disait qu’il vivait encore. Un aventurier se fit en effet passer pour lui et envahit la Russie avec l’aide polonaise. À la bataille de Dobrynichi (1605), Margeret donne l’avantage aux Moscovites du tsar. Mais celui-ci meurt bientôt et Démétrius lui succède, nommant toutefois Margeret à la tête des gardes de son palais. Il meurt en 1606. Invité à demeurer au service de la cour, Margeret préfère rentrer en France. En 1606-1607, il écrit son Estat de l’empire de Russie et grande duché de Moscovie, édité à Paris en 1607 par le libraire Mathieu Guillemot. Dédié à Henri IV qui y porte attention, l’ouvrage obtient un vif succès. En France, c’est la première relation d’un séjour en ces terres lointaines et passablement singulières. Il donne de très nombreux renseignements sur cette Russie si pittoresque, inconnue alors des Français. Publié à nouveau par le libraire Jacques Langlois (1668-1669), puis par Jules Klaproth chez Fain (1821), Henri Chevreul l’édite chez L. Pothier à Paris (1855) avec une préface, des notes, un appareil critique et des hypothèses généalogiques sur sa famille. L’Université de Pittsburg l’a repris en 1983, traduit et commenté par Chester S.L. Dunning.
En 1609, un autre aventurier, se prétendant lui aussi le tsar Démétrius, cherche à prendre le pouvoir : encore l’affaire des « faux Démétrius » ! Margeret se met à son service, l’aide à conquérir Moscou. Ce Démétrius n° 2 est porté par la Pologne. Nouveau coup d’État : Chouiski s’empare du pouvoir dans un bain de sang polonais. Se rapprochant du roi de Pologne Sigismond III, Margeret prend le large. Il appartient brièvement à son conseil royal puis semble être allé à Hambourg et dans le Palatinat. On perd sa trace après 1619.- JFB
Jacques Margeret, Estat de l’Empire de Russie et grande duché de Moiscovie, avec ce qui s’est passé de plus mémorable et tragique, pendant le règne de quatre empereurs, nouv. éd. par Henri Chevreul, Potier, 1855, 113 p.