Né le 2 janvier 1912 rue des Perrières à Dijon, au sein d’une famille composée de cheminots et d’agriculteurs, Henri Vincenot étudia à l’école Darcy, puis au collège Saint-Joseph, puis à l’École supérieure de commerce de Dijon, et poursuivit sa formation à Paris (HEC). Après un bref passage à Prisunic, il « entre au chemin de fer « , sa passion. Chef de gare à Saint-Jean-de-Losne et Louhans, il bifurqua bientôt vers un travail qui lui convenait mieux : journaliste au magazine ferroviaire Notre Métier devenu La Vie du Rail.
Romancier, poète, dessinateur, peintre, sculpteur, comédien, ses dons sont multiples. Il bénéficia d’un grand bonheur conjugal en épousant Andrée Baroin (1913-1984). Plusieurs enfants élargirent le cercle de famille : Jean-Pierre (1936), Claudine (1938), François (1940-1988) et Denis (1944). Ils vivaient à Paris, en vacances à Commarin et à La Pourrie (un hameau remis par eux en vie près de Labussière-sur-Ouche), à Talant de 1939 à 1945, à Commarin quand Henri en retraite put se consacrer pleinement à son œuvre. Il a publié en 1953 Je fus un saint (Denoël) et il demeurera attaché à deux éditeurs, Denoël et Hachette.
La plupart de ses romans ont un lien avec la Bourgogne et souvent s’y situent entièrement. Ses lieux de prédilection : la Montagne et l’Auxois, les Maranges. Aux œuvres romanesques initiales à partir des années 1950 (La Pie saoule ; Les Chevaliers du Chaudron ; À rebrousse-poil ; Les Yeux en face des trous ; Walther, ce boche, mon ami) s’ajoutent deux volumes de la collection La Vie quotidienne (Les chemins de fer au XIXe siècle et La Bourgogne au temps de Lamartine). Deux romans lui assurent des tirages élevés et une notoriété importante : Le Pape des escargots puis La Billebaude. Sans doute traite-t-il souvent des mêmes thèmes (l’attachement aux vertus durables de la tradition, le refus d’un « progrès » déshumanisant et qui détruit la nature), mais il est complexe et volontiers paradoxal. Son imagination débordante, son style si goûteux, son personnage même (sa moustache, son accent, son gilet brodé) l’écartent des sentiers du régionalisme étroit pour acquérir une stature nationale d’auteur respecté. Bernard Pivot en fait son « chouchou » de son émission télévisée Apostrophes (Lire, juin 1990), ce qui lui vaut la célébrité.
Multiple, Henri Vincenot ne se résume évidemment pas à ce portrait bien incomplet. Il ressent d’autres appels littéraires : la Bretagne, le Maroc. Il dessine et il peint, exposant régulièrement. L’homme fait corps et âme avec son œuvre. Il est rare en effet qu’un auteur épouse à ce point l’intrigue d’un livre, la figure d’un roman. La Gazette, ce vagabond qui chemine depuis deux ou trois mille ans à travers la Bourgogne, est sans doute son meilleur personnage. Jamais guéri du décès de son épouse, il meurt le 21 novembre 1985 au domicile de sa fille, rue Jean-Jacques Rousseau à Dijon. Plusieurs biographies lui sont consacrées ; cinq thèses et mémoires étudient son œuvre. Ses dessins et peintures sont reproduits dans deux ouvrages, l’un général (édité par Anne Carrière) et l’autre ferroviaire (La Vie du Rail).
Actes des Rencontres Henri Vincenot organisées les 17 et 18 octobre 1992 par l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, textes réunis par Martine Chauney-Bouillot, Académie des sciences, arts et belles-lettres ; et Précy-sous-Thil, l'Armançon, 1993, 153 p. : ill. ("Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon", t. 133).