Né le 30 mars 1863 à Jouet-sur-l’Aubois (Cher), Eugène Laurent gagne rapidement la Nièvre où il s’établit comme ferblantier à Nevers. Influencé par son frère cadet Ernest, conseiller municipal de Nevers de 1892 à 1894, il semble avoir été assez proche du mouvement boulangiste et de son représentant dans la Nièvre, Gaston Laporte, avant de prendre ses distances. En 1892, il est l’un des fondateurs du Syndicat de la Métallurgie de Nevers. Rapidement remarqué par ses talents oratoires et de meneur d’hommes, il en est l’un des leaders et prend une place majeure au sein de la Bourse du travail créée à Nevers en décembre 1895 (il est à plusieurs reprises nommé délégué de ses instances lors de congrès nationaux). Le 17 février 1897, il est l’un des fondateurs de la Fédération socialiste de la Nièvre.

Élu conseiller général de Nevers en août 1904, il est le premier ouvrier à entrer dans cette assemblée départementale. Candidat aux élections législatives en 1902 et 1906 dans la première circonscription de Nevers puis en 1910 dans l’arrondissement de Cosne, il est finalement élu en mai 1914 dans ce dernier arrondissement : il est le premier député SFIO de la Nièvre issu du monde ouvrier. En 1912, il a été élu conseiller municipal de Nevers grâce à une alliance conclue avec les radicaux-socialistes. Jusqu’en 1914, il est l’un des principaux propagandistes pour le Parti socialiste ; son action est également soutenue au sein de la Société de la Libre-Pensée de Nevers (dont il a été vice-président dans les décennies 1910 et 1920). Battu au renouvellement législatif et cantonal de novembre-décembre 1919, il ne se représente pas aux élections municipales de Nevers. Retiré de la vie politique, il reste président de la Fédération de la Nièvre de la Ligue des droits de l’homme jusqu’à son décès survenu le 22 novembre 1933 à Nevers.- MB