Vivant Carion porte bien son nom et son prénom ! Né à Dijon le 29 septembre 1769, fils de menuisier, il est confié à un oncle curé. Il étudie au collège des Godrans et devient prêtre, puis il quitte son état ecclésiastique et entre dans l’administration départementale. Deux ans plus tard il épouse Adélaïde Villot. Passionné par l’esprit public et par la « chose imprimée », il crée un périodique, Le Nécessaire (11 novembre 1795) fondé deux ans plus tôt par l’avocat Gabet et qui remplace L’Original de son beau-père André Villot. Il conservera cette rédaction jusqu’à sa mort le 24 janvier 1834. La publication s’appelle bientôt Le Journal de la Côte-d’Or, titre qui restera vivace durant plus de soixante ans. Il est également imprimeur.
Défenseur acharné des libertés publiques sous tant de régimes, devenu une légende, Vivant Carion connaît mille difficultés, notamment en 1815-1816 sous la « Terreur blanche » : il doit alors s’enfuir et les Autrichiens saccagent son imprimerie. Il sera souvent poursuivi et condamné pour délits de presse. Sur sa tombe on lira ces vers de La Monnoye qu’il avait inscrits sur la manchette de son journal :
J’y maiton quelque chose qui pique
Ein grain de sel por iqui, por ilai,
Vo saivé que le provârbe antique
Palan de no, dit : Borguignon salai
Ce Bourguignon Salé réussit l’exploit, avant le chanoine Kir, de devenir un nom commun. On en parle ainsi : « Que dit Carion ? ». On lui écrit : « M. Carion, envoyez-moi votre Carion ». Une jeune fille cherche-t-elle du travail ? Elle écrit ingénument : « Je voudrais me mettre sur Carion. » Sa veuve d’un second mariage, Madeleine Peccatier, puis son gendre C.-A. Simonnot-Carion lui succèdent en 1834.
Jean-François Bazin, « Les quotidiens de Dijon », Presse Actualité, n° 91, avril 1974, p. 16 à 25.