Né le 28 février 1811 à Sens, cordonnier comme son père, Savinien Lapointe fut l’un des plus célèbres et des plus talentueux poètes-ouvriers de l’époque romantique. Il vécut d’abord à Soucy, village de sa mère, puis à Paris, où dans une chambrée de compagnons, il lisait Rousseau, Hugo, Lamartine ou Musset, et chantait Béranger. Combattant de 1830, emprisonné, il devint socialiste, partisan de la non-violence. Ses Poésies sociales des ouvriers furent publiées en 1841 par le saint-simonien Olinde Rodrigues, Une voix d’en bas en 1844. Arrêté lors des émeutes de 1848, il se présenta sans succès à la Constituante puis rallia l’Empire et devint bonapartiste. Après les Échos de la rue (1850) avec des souvenirs de sa jeunesse, il écrivit des contes pour enfants, dont certains ont pour source des légendes de l’Yonne, et des essais comme La politique d’un prolétaire montmartrois (s. d.). Lamennais, Béranger et Eugène Sue vantèrent son œuvre. Il fut admis à la Société des Gens de Lettres en 1853 et trouva un emploi à la Compagnie du gaz en 1856. Il se retira dans l’Yonne à la suite d’un accident et mourut à Soucy en 1893.

Frédéric-Gaël Theuriau, Savinien Lapointe, ouvrier cordonnier : les chansons populaires, Tours, Université François-Rabelais, 1999, 384 p., ill., mus. ; - éd. Poésies complètes de Savinien Lapointe, 2 vol., Éditions universitaires européennes, 2010.