Pierre Rat est né le 2 janvier 1921 à Brinon-sur-Sauldre, en Sologne, mais en dépit de son attachement à son origine, il était fier d’être devenu un Bourguignon d’adoption incontestable. Nommé assistant de Raymond Ciry en 1948, il ne quittera jamais Dijon et son université. Il avait entamé sa carrière d’enseignant par l’École normale d’instituteurs de Bourges, puis l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Il était agrégé de sciences naturelles et prépara une thèse de doctorat de géologie à Dijon, un travail exemplaire sur les pays basco-cantabriques. Maitre de conférences en 1958, il devint professeur titulaire en 1962.
C’était, selon ses anciens élèves, un enseignant remarquable. Il dispensait des cours abondamment illustrés où l’on remarquait ses qualités de dessinateur. Il est à l’origine de nombreuses vocations. Guide précieux sur le terrain ou au laboratoire, il seconde le professeur Ciry puis le remplace dans la direction de mémoires et de thèses.
Son activité et ses compétences l’amènent à œuvrer dans nombre d’organismes nationaux et internationaux. Membre de nombreuses commissions du CNRS, il fut président de la Société géologique de France et du Comité national de stratigraphie. À Dijon, il prit la direction de l’Institut des sciences de la terre, du Laboratoire « Géodynamique sédimentaire et paléontologie », associé au CNRS, dont l’actuel Centre « Biogéosciences » est le vivant héritage.
Que doit-on retenir de ses importants travaux sur la Bourgogne ? À la recherche de sa « longue histoire écrite dans le sol », Pierre Rat apporte une connaissance nouvelle et claire de la structure de notre province, de sa pétrographie et l’interprétation des paysages actuels et passés. Dans plus de deux cents titres de publications, il faut mettre au premier plan la révision et l’actualisation des cartes géologiques des terrains et leur synthèse par une nouvelle carte générale de la région, sans omettre un guide géologique. Il écrivit plusieurs articles sur les calcaires jurassiques et le type de sédimentation qui les a générés. Il s’est enfin intéressé au rapport du sous-sol et des matériaux de construction à travers les calcaires jurassiques, la pierre de Bourgogne, dans nos monuments.
Une longue histoire a lié Pierre Rat à l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Élu membre résidant en 1960, ses activités ont été nombreuses à la commission des sciences et à la commission des antiquités de la Côte-d’Or.
Président de 1988 à 1993, il eut la responsabilité des manifestations du 250e anniversaire de l’Académie et lui resta très attaché jusqu’à son décès le 10 novembre 2010. – PF
Daniel-Henri Vincent, « Hommage à Pierre Rat », suivi de : Pierre Feuillée, Jacques Thierry, « Éloge de Pierre Rat », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, t. 147, 2011-2013, p. 52-656, ill.