Né à Corancy en 1913, formé à l’école Estienne entre 1928 et 1931, Pierre-Lucien Martin fut d’abord ouvrier dans la reliure industrielle. Chez Brodart et Taupin, il participa aux recherches pour la mise en point du « procédé Jotau », couverture en bakélite moulée, ce qui l’approcha de la reliure-objet d’art moderne. Sa rencontre avec le relieur Alphonse-Jules Gonon fut alors déterminante de ses choix. Il installa son atelier personnel en 1940 et allia désormais recherche artistique et technique raffinée ; ses compositions sont d’abord optiques, plus que plastiques, constructions très élaborées, avec règle et compas, refus de tout imaginaire peu ou prou lyrique. Ses palettes restreintes, voire ses teintes monochromes, mettent en valeur le dessin, plus sublimé encore lorsqu’il introduira creux et reliefs. Prix de la « reliure originale » en 1948, il a créé plus de deux milliers d’œuvres. Il mourut à Paris en septembre 1985. La Bibliotheca Wittockiana de Bruxelles lui a rendu hommage par une exposition en 1987, année où sa collection personnelle (181 éditions originales) a fait flamber les enchères.
Claude Blaizot, « Pierre-Lucien Martin et la reliure moderne », Vents du Morvan, n° 6, printemps 2001, p. 7-9, ill.