LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1271 ● Naissance de Miles de Noyers, homme de guerre et conseiller au service de six rois

Miles X de Noyers naquit en 1271 au château de Noyers, puissante forteresse dominant une boucle du Serein, à la frontière entre royaume, Champagne et Bourgogne, dont il hérita en 1291, à la mort de son père. S’étant reconnu vassal du duc de Bourgogne Robert II en 1295, moyennant versement par ce dernier de la somme de 7 000 livres parisis, il devint familier du duc et en fut nommé en 1296 grand bouteiller, fonction purement honorifique dans laquelle il succédait à son oncle, Jean de Noyers, avant d’être l’un de ses exécuteurs testamentaires et gardien du duché en 1309.

Entré au service du roi Philippe Le Bel, sans jamais renier ses attaches bourguignonnes, il participa aux campagnes menées par le roi en Flandres, se distinguant notamment lors de la sanglante bataille de Courtrai (11 juillet 1302) ou participant à la victoire de Mons-en-Pévèle (18 août 1304), ce qui lui valut d’être nommé, dès 1303, maréchal de France, fonction qu’il exercera jusqu’en 1316 tout en assurant diverses missions diplomatiques. Sous le bref règne de Louis X le Hutin, il deviendra l’un des principaux conseillers chargés, au sein du conseil royal, de contrôler la gestion des finances du royaume, avant d’être, en 1326, sous Charles IV le Bel, président de la Chambre des comptes (créée en 1320), fonction partagée avec son oncle, le connétable Gauthier de Châtillon.

Maintenu dans ses fonctions après l’avènement, en 1328, de Philippe VI de Valois, dont l’épouse était Jeanne de Bourgogne, sœur du duc Eudes IV, auquel il était resté fidèle, il peuplera la cour de conseillers et serviteurs bourguignons et champenois, réorganisera le conseil du roi et veillera à la mise en défense du royaume en faisant renforcer les fortifications de Douai, Bruges et Lille. En 1331, il participera aux négociations avec le roi Édouard III à propos de la vassalité de l’Aquitaine.

Les débuts de la guerre de cent ans (1337) s’accompagneront d’une modification profonde de l’entourage du roi et d’une restructuration du conseil dont seront écartés les bourguignons. Pourvu du titre de grand bouteiller, participant parfois au conseil, on le verra, en 1346, reconnaître le terrain la veille du désastre qu’allait être la bataille de Crécy. Il mourra en son château de Noyers le 22 septembre 1350. – FV

 

Ernest Petit, « Les sires de Noyers », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 28e volume,1874, p. 158-227.