Né à Angers en 1869, le cycliste Louis Cottereau est le premier champion de France de vitesse (1890) ; champion de France de tricycle (1888), il est également vainqueur du Mondial de tricycle de San Sébastien (1891). Avec un frère, ils tiennent un modeste atelier, rue de Tivoli et fondent en 1891 une entreprise. Louis continue à courir sur des cycles Humbert et Clément dont il est le représentant commercial à Dijon et gagne en 1893 la course Bordeaux-Paris. Durant cette année, il est titulaire du record du monde de l’heure sur piste et contribue, l’année suivante, avec son frère à la création du Vélodrome, cours du Parc ; ils lancent un journal éphémère : Le Sport bourguignon.
Dans le recensement de la population de 1896, Louis, âgé de 27 ans, est enregistré comme fabricant de cycles, rue des Lentillères. Sur une photographie datée de 1898, conservée au musée de la Vie bourguignonne, sous l’enseigne Manufacture de Bicyclettes on voit le personnel, image qui donne la mesure de l’importance de cette entreprise et une série de cartes postales qui déclinent les activités des ouvriers dans les ateliers. Dès cette année 1898, la Société prend le nom de Cottereau et Cie et fabrique des automobiles ; elle vend alors, au dire d’une publicité sans doute flatteuse, plus de 200 voitures en France. Une voiture Selecta est présentée en 1899 au deuxième Salon organisé par l’Automobile Club de France aux Tuileries. Deux modèles figurent au catalogue de 1904 : la Tonneau 10 chevaux, 2 cylindres, de carrosserie courante et une Tonneau populaire. En janvier 1906, naît la Société des Établissements Cottereau qui sera liquidée le 28 octobre 1908. La situation financière demeure fragile : une augmentation du capital est alors souscrite pour l’essentiel par le Dijonnais Charles Debost, directeur des Docks de Bourgogne et ses associés. Le 5 janvier 1909, naît la Société Nouvelle des Établissements Cottereau et, deux ans plus tard, le 29 mai 1911, une troisième raison sociale voit le jour : ce sont les Constructions Industrielles Dijonnaises (C.I.D.). Cette société fonctionne sous le système du « warrant » c’est-à-dire que la production devient propriété de celui qui assure la garantie financière. La production s’arrête en 1916 car le stock de voiture neuve s’avère important.
La société Terrot, grâce à des sociétés relais, s’empare peu à peu du capital mais il est difficile de comprendre l’enchevêtrement des deux établissements. La dissolution des Constructions Industrielles Dijonnaises est votée en 1922, puis deux ans plus tard, la maison est absorbée par Terrot. L’usine des Lentillères devient alors une annexe de celle du boulevard Voltaire. Ces changements répétés des raisons sociales révèlent la précarité de l’entreprise mais l’existence d’un corpus d’affiches, conservé au musée de la Vie bourguignonne, exprime la qualité et la diversité de cette fabrication.