Le 3 juin 1867 paraît à Nevers pour la première fois un nouveau journal politique, L’Impartial de la Nièvre. Imprimé par Prosper Bégat et dirigé par Éric Isoard, ce journal d’opposition publié trois jours par semaine a été autorisé suite à la libéralisation du Second Empire. L’initiateur de L’Impartial est un jeune avocat neversois, Cyprien Girerd, fils de Frédéric, ancien préfet de la Seconde République (1848) et député (1848-1849). Tirant à 500 exemplaires, il est certes devancé par le Journal de la Nièvre, organe du gouvernement, mais son influence est cependant grande notamment lors des diverses élections locales ou nationales puisqu’il soutient les candidats de l’opposition au régime dont le Journal de la Nièvre ne mentionnait pas les candidatures auparavant. Si Éric Isoard quitte son poste de rédacteur en chef à la fin février 1868 pour cause de désaccord avec Cyprien Girerd, le journal poursuit son développement. Le lundi 26 avril 1869, L’Impartial de la Nièvre disparaît pour une nouvelle dénomination qui correspond à un élargissement géographique de sa zone de diffusion : L’Impartial du Centre, organe démocratique de la Nièvre, de l’Allier, du Cher et de l’Indre. Les administrateurs du journal sont issus de ces quatre départements : pour la Nièvre, Jean Turigny, docteur en médecine, et Adolphe Cantonnet, avocat à Nevers, rejoignent le fondateur Cyprien Girerd. Le rédacteur en chef-gérant est Frédéric Mordon, ancien avoué à Château-Chinon et Nevers.
Le journal change une dernière fois de nom pour La liberté du Centre en août 1870 puis disparaît à la fin de ce même mois. L’Impartial aura permis à ces « républicains de la veille » d’être connus et prêts à aider la Troisième République naissante. La quasi-totalité d’entre eux feront de très belles carrières politiques et/ou administratives : Cyprien Girerd, préfet (septembre 1870-janvier 1871) puis député de la Nièvre (1871-1881), sous-secrétaire d’État à l’agriculture et au commerce (1877-1881) et pour finir trésorier-payeur général ; Frédéric Mordon, sous-préfet puis préfet (Lozère et Pyrénées-Orientales) et trésorier-payeur général ; Adolphe Cantonnet, lui aussi préfet (Allier, Indre, Pyrénées-Orientales, Rhône). Jean Turigny poursuivra une longue collaboration avec plusieurs journaux nivernais et possède encore à ce jour la longévité politique la plus remarquable comme député de la Nièvre de 1873 à sa mort en 1905.
Les journaux nivernais de 1790 à 1919, exp., BM Nevers, 3 avril-3 mai 2009, catalogue Guy Thuillier, Société académique du Nivernais, 2009, V-191 p.