Issu d’un milieu d’artisans, Joseph Garnier, né à Dijon le 24 avril 1815, entra aux Archives départementales de la Côte d’Or comme employé surnuméraire en 1830. Le directeur de celles-ci était alors Joseph Boudot, qui venait d’y créer, à l’initiative du préfet Joseph d’Arbaud Jouques, une École des chartes. Garnier en devint l’un des élèves et obtint brillamment son diplôme d’archiviste paléographe en 1833. Promu 2e employé du service dès 1832, puis premier employé en 1836, il quitta le service en 1841, déçu sans doute de n’avoir pu en prendre la direction à la mort de ce dernier. Il devint alors responsable des archives de la ville de Dijon, poste qu’il devait conserver jusqu’en 1862, assumant en outre simultanément les fonctions d’inspecteur des archives communales (1857) et des archives hospitalières (1859). En 1862, le préfet de Bry obtint du ministère de l’Intérieur qu’il soit nommé directeur des Archives départementales le la Côte-d’Or et de l’ancienne province de Bourgogne, en dépit de ses opinions républicaines avérées. Il fut installé le 26 mai 1862. Il mourut en poste le 14 novembre 1903, au terme d’une carrière de 73 ans.
Au cours de cette longue carrière il a rédigé un nombre impressionnant d’inventaires et de répertoires des fonds d’archives les plus importants des deux dépôts dont la charge lui fut confiée. Tous ces instruments de recherche sont demeurés pleinement valables. Ayant participé, aux côtés de Boudot, au transfert des archives du palais des états à l’ancien hôtel de Ville (8 rue Jeannin), il a poursuivi le rassemblement des archives encore laissées en déshérence. Par ses relations il parvint en outre à faire entrer dans son dépôt quelques fonds privés de première importance.
Historien scrupuleux, il a publié de très nombreux articles et n’a pas dédaigné d’assurer, à partir de 1858, sous les auspices du préfet, l’Annuaire départemental de la Côte d’Or, qui comprenait, à côté d’informations administratives, des notices historiques et statistiques. Il mettait la dernière main à celui de 1904 quelques heures avant son décès. Dans le domaine de l’érudition son œuvre principale fut la publication des Chartes de communes et d’affranchissement de Bourgogne, en trois volumes, en 1867-1868, sous l’égide de l’Académie de sciences, arts et belles lettres de Dijon, dont il avait été élu membre résidant en 1853. Il fut au sein de l’Académie, un membre actif de la Commission des antiquités, dont il assura la présidence à partir de 1880 avant d’en devenir président d’honneur. Dès son décès de vibrants hommages lui furent rendus par Charles Oursel, et Henri Chabeuf, président de l’Académie, ce dernier révélant, derrière un personnage à l’abord volontiers bourru, un ami toujours prêt à partager sa connaissance des sources de l’histoire de Bourgogne et un célibataire bien inséré dans la société dijonnaise. Aussitôt après ses obsèques ses confrères constituèrent un comité pour « conserver [son] souvenir et honorer sa mémoire en plaçant un buste dans ce Palais des Archives où il a si longtemps et si utilement travaillé ». Ce buste est toujours là.- FV
Jean Rigault, Guide des Archives de la Côte d’Or, Dijon, 1984, p. 16-17 ;- Henri Chabeuf, « Séance du mercredi 18 novembre 1903 », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et Belles lettres, 4e série, t.9, Dijon, 1905, p. LXXV-LXXXII ;- Charles Oursel, « Compte-rendu des travaux », Mémoires de la Commission des Antiquités du département de la Côte d’Or, t. XIV, années 1901-1905, p. CLXXI-CLXXII ;- Martine Chauney-Bouillot, « Annuaire de M. Garnier », Mémoire de préfecture…de Bourgogne en Côte d’Or, Précy-sous-Thil, 2013, p.98-99.