Né le 11 janvier 1819 à Chenôve et enregistré sous le prénom de François, Jean-Jean est le fils de Laurent Cornu, instituteur, et de Françoise Tignolet. Son père meurt en 1823, alors qu’il n’a que 4 ans. Il s’initie très jeune au dessin, mais nous ignorons quelle fut sa formation. Après un séjour à Bruxelles le 10 mai 1841, il s’engage comme volontaire et devient artilleur à Valence ; se querellant avec son supérieur, il déserte en 1845 et se réfugie au Luxembourg. Après deux années passées à Paris sous un nom d’emprunt et bénéficiant, en 1849, de l’amnistie accordée par la Deuxième République, Cornu revient à Chenôve où il débute sa carrière artistique comme dessinateur de portraits (Portrait de la mère de l’artiste, 1849).
Fréquentant le Salon parisien de 1857 à sa mort, il y expose des paysages bourguignons (Vue prise à la Tournée près Nolay), des sites de Côte-d’Or (Chenôve : La plaine de la Côte-d’Or vue de la montagne de Chenôve, Plombières, la vallée de l’Ouche, le Val-Suzon), mais aussi des vues du Jura (Ruisseau de la Grotte-Sarrazine, bords du Lison, à Nans-sous-Sainte-Anne) et de Seine-et-Marne (Dans les carrières de Neuf-Moutier). Pour sa dernière participation en 1876, il présente Les noyers de la Combe Morizot à Chenôve. Il participe également à de nombreuses expositions régionales, notamment à celle organisée en 1858 par la Société des Amis des Arts de Dijon, où il présente neuf paysages, dont huit sites de la Côte-d’Or (Environs de Blaisy-Bas, Vue du Vallon de Plombières, Vue des montagnes de Dun Charollais) ; il est récompensé par une médaille de deuxième classe.
Cornu est l’un des premiers peintres à représenter le département de la Côte-d’Or, jusque-là surtout connu par la lithographie. Il est alors salué par la critique qui n’hésite pas à le comparer à Courbet. Traduisant les subtils jeux de lumière et d’ombre, il fait preuve d’une extrême minutie pour rendre les détails géologiques, l’observation du paysage, la végétation, en respectant la subtile harmonie des couleurs.
Capitaine d’une compagnie de francs-tireurs, Cornu participe, avec grand courage, aux combats d’Essertenne et de Dijon le 30 octobre 1870 et poursuit la lutte jusqu’à la fin du conflit. Resté célibataire, l’artiste décède à Chenôve le 6 septembre 1876, âgé de 57 ans ; il est inhumé dans le cimetière de son village. Son buste, réalisé grâce à une souscription publique par le sculpteur dijonnais Joseph Garraud, et inauguré le 9 septembre 1877, surmonte toujours sa tombe.
Monique Geiger, « Jean-Jean Cornu (1819-1876), peintre de la Côte-d’Or », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 130, 1989-1990, p. 211-224.