Jean-Jacques Collenot naît le 21 janvier 1814 au domicile de son grand-père, Jacques-Jean Collenot, notaire résidant à Bize, hameau de Moux (Nièvre) ; celui-ci, conseiller général du district de Château-Chinon et membre titulaire du Directoire du département de la Nièvre pendant la Révolution, avait échappé de peu à l’échafaud. La famille s’installe à Semur-en-Auxois en 1824. Après des études de droit à Paris, où il suit assidûment le cours de géologie du Muséum d’histoire naturelle, puis à Dijon, Jean-Jacques reprend l’étude de son père en 1840. En 1848, au décès de son épouse, il la vend et vit alors de ses rentes. Il s’engage en défenseur de la doctrine de Fourier. Dès 1844, il est correspondant semurois de l’École sociétaire : son adhésion aux principes phalanstériens est connue lors des réunions publiques qu’il organise à Semur avec Hector Gamet en avril 1846. Lors des événements de 1848, il joue un rôle de modérateur « probe et digne ». En effet, en mars, il est sollicité pour présider la commission destinée à mettre en place le conseil de la commune. En mai, il est nommé sous-commissaire du gouvernement provisoire dans l’arrondissement de Semur et remplace le sous-préfet jusqu’en août 1848. Partisan de la république démocratique et sociale, il lance un appel « à tous les hommes de bonne volonté » afin de prendre les armes pour défendre « la République démocratique en péril » lors des journées populaires de juin 1848, mais il n’est pas reconduit dans ses fonctions par la suite. Lors des élections de 1849, il s’engage au sein du Comité électoral démocratique du département qui défend le programme de la Montagne, et il conduit la délégation de l’arrondissement de Semur au Congrès électoral démocratique de la Côte-d’Or qui se tient à Dijon. Tout en restant fidèle à ses idées, il abandonne apparemment toute activité politique publique, il aura cependant de nouveau l’occasion d’être membre d’une commission municipale extraordinaire en 1870.
Par ailleurs, Jean–Jacques Collenot s’investit pleinement dans la vie sociale et culturelle locale. Membre fondateur de la Société des sciences de Semur en février 1842, il y occupe diverses fonctions, dont la vice-présidence de 1852 à 1860 et de 1863 à 1884, et la présidence de 1860 à 1863, puis de 1884 à 1892. Il y dispense aux côtés de Malinowski et Nodot des leçons de géologie très suivies : une de ses premières lectures porte sur « l’influence de l’homme relativement à la climature et à la température du globe terrestre ». Membre de la Société géologique de France depuis 1839, c’est avec ses fidèles collaborateurs, son gendre Jean-Baptiste Émile Bochard et son ami Eugène Bréon, qu’il constitue une collection géologique de renommée internationale, dont il fait don à la ville de Semur en 1866. Elle fut exposée en partie en 1878 au Trocadéro lors de l’Exposition universelle. Il a dressé avec le plus grand soin le Catalogue de la collection géologique du Musée de Semur, avec explications stratigraphiques et paléontologiques des terrains de l’Auxois et du Morvan. Il rédige aussi le Catalogue de la collection archéologique du Musée de Semur, composée d’objets recueillis presque exclusivement dans l’Auxois. Infatigable arpenteur de cette région, il a réuni plus de 10 000 fossiles et effectué de fructueuses fouilles archéologiques ; non moins infatigable écrivain, il a publié plus de 2 000 pages de textes géologiques, notamment en 1873 sa brillante Description géologique de l’Auxois, qui confirme ses talents de géologue. Ses travaux scientifiques lui valurent une médaille d’or de l’Académie de Dijon en 1884 et les palmes d’officier de l’Instruction publique. En 1891, son nom est donné à une rue de Semur en 1891 où Il s’éteint le 23 septembre 1892.- ER
François-Xavier Gillot, « Notices biographiques : M. Jean-Jacques Collenot », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de Semur, t. 34, 1905, p. 391–395 (doc. numérisé) ; - Jean-Claude Sosnowski, « Jean-Jacques Collenot (1814-1892), "phalanstérien et démocrate" », ibid., t. 114, 2006, p. 67-85, ill.