Né le 7 avril 1870 à Saint-Cirgues-en-Montagne (Ardèche), le jeune Jean-Baptiste s’oriente vers le sacerdoce et est admis en 1889 au Grand séminaire de Viviers. Appelé pour son service militaire, il est réformé pour raison de santé. Alors qu’il pense réintégrer le Grand séminaire, le Père supérieur, du fait de son esprit quelque peu frondeur, l’invite à poursuivre ailleurs ses études théologiques. C’est à l’évêque de Rodez qu’il doit de pouvoir reprendre ses études au Grand séminaire de Sens en 1896. Après avoir enseigné les sciences au Petit séminaire de Joigny, l’archevêque de Sens lui demande en 1906 de prendre en charge l’église abbatiale de Pontigny dans l’Yonne. Il y reste jusqu’à son décès.
Dans le calme de la solitude de Pontigny, l’abbé Tauleigne se révèle avec ses modestes moyens, un inventeur fécond. Il s’illustre essentiellement dans trois domaines : la photographie des couleurs et les projections d’images en relief, la radiotélégraphie et la radiographie. Collaborant avec le constructeur d’appareils photographiques Gaston Mazo, il est à l’origine d’un procédé qui facilite la prise des photographies en couleur réalisées selon le procédé trichrome par éléments superposés. Il est le concepteur de quasiment toutes les lanternes de projection construites par l’entreprise jusqu’en 1926. Il réalise également un appareil qui permet d’enregistrer les signaux Morse émis par la station de la Tour Eiffel et dont la société Ducretet assure la fabrication industrielle. Ses travaux sont à l’origine de nombreux brevets.
Rappelé en mars 1915, il est affecté à l’hôpital temporaire du Casino de Menton dans lequel il est chargé du fonctionnement de l’appareillage de radiographie. Il conçoit un dispositif de repérage des éclats de projectiles à l’intérieur du corps humain et réalise un dispositif qui améliore de façon significative la qualité des clichés radiographiques des zones épaisses. Mais ses travaux ne sont pas sans incidence sur sa santé. Libéré de ses obligations militaires en 1916, il reprend sa vie sacerdotale à Pontigny. Si l’État français se montre ingrat à son égard, aucune décoration ne venant récompenser ses mérites, la Fondation Carnegie de Chicago lui accorde en revanche en 1923 une médaille d’argent et un prix de cinq mille francs en tant que bienfaiteur de l’humanité pour ses travaux en matière de radiographie.
Son état de santé empirant, ses derniers jours sont très douloureux et il décède à Pontigny le 5 juin 1926 à l’âge de 56 ans. Il est inhumé dans le cimetière de la commune.
Bernard Quinnez, « L’abbé Tauleigne (1870-1926), curé de Pontigny, au service de la science…et de ses ouailles », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 141, 2005-2006, p. 337-357.