Jacques-Gabriel Bulliot est un représentant caractéristique des amateurs éclairés qui ont contribué dans la deuxième moitié du XIXe siècle à établir en France les bases de l’archéologie préhistorique et de la protohistoire. Il exerça toujours son activité de recherche au sein de la Société éduenne dont il sera le président de 1860 jusqu’à sa mort en 1902. J.-G Bulliot s’est intéressé dès le début des années 1840 au culte de Saint-Martin en particulier à l’abbaye de Saint-Martin d’Autun sur laquelle il publia une première notice en 1843, puis en 1849 un Essai historique paru en deux tomes. Son intérêt pour l’évêque de Tours le conduisit à étudier la chapelle Saint-Martin sise au sommet du mont Beuvray près de laquelle il remarqua des structures qu’il rapporta à un camp romain. Il émit alors l’hypothèse que la cité de Bibracte devait se trouver au Mont Beuvray et non à Autun comme on le pensait jusqu’alors. Dans cette perspective, il publia en 1856 un Essai sur les système défensif des Romains en pays éduen, répertoire des sites fortifiés entre Saône et Loire, dans lequel il identifie le mont Beuvray à Bibracte.
Les premiers sondages entrepris sur le mont par Xavier Garenne et le vicomte d’Aboville, membres de la Société éduenne, contribuèrent à renforcer les vues de J.-G. Bulliot et conduisirent Napoléon III à le charger en 1867 d’entreprendre des fouilles sur le site. Dès ce moment et jusqu’en 1895, J.-G. Bulliot se consacrera entièrement à ces recherches. Il découvrira des ensembles complexes de bâtiments, habitations privées, édifices publics, ateliers artisanaux ainsi qu’un très abondant mobilier conservé aujourd’hui au musée Rolin à Autun et au Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye. Il confirma ainsi l’identité de l’oppidum gaulois de Bibracte. L’ensemble de ses recherches sera publié en 1899. Joseph Déchelette fera connaître Bibracte, dans son célèbre Manuel, comme l’un des sites majeurs du monde celtique.
Anatole de Charmasse, J.-G. Bulliot, président de la Société éduenne, …, sa vie et son œuvre, Autun, 1905, 279 p. (t. à p. des Mémoires de la Société éduenne, t.31-33).