Jacques Cazotte est né à Dijon le 7 octobre 1719 non pas rue Cazotte comme on le croit généralement mais rue Portelle aujourd’hui partie de la rue Amiral Roussin. Après le collège des Godrans, bachelier en droit, il part à Paris en 1740 au service de plume du ministère de la Marine. Il publie un premier livre, La Patte du chat en 1741. En 1742, il s’embarque pour Saint- Domingue et les Antilles où il exerce plusieurs fonctions administratives. Malade, il rentre en France en 1752, sans doute atteint par le scorbut et son ami des Godrans, le médecin Pierre-Isaac Poissonnier, le guérit notamment de troubles de la vue. C’est l’époque de la Querelle des Bouffons et Jacques Cazotte, dans la Guerre de l’Opéra, prend avec Rameau la défense de la musique française contre la musique italienne soutenue par Jean-Jacques Rousseau. En 1754, il retourne en Martinique mais, désabusé et malade, rentre en France définitivement et quitte la Marine. Il avait cédé tous ses biens à la Compagnie de Jésus contre des lettres de change. Il essaie vainement de récupérer son argent et doit intenter un procès aux jésuites. Il s’installe à Pierry, village proche d’Épernay dans le domaine hérité de son frère et va devenir l’un des plus grands producteurs-marchands de vin de Champagne. Il épouse Élisabeth Roignan qu’il a connue à la Martinique. En 1763, le démon de l’écriture s’empare à nouveau de Cazotte qui écrit un long poème fantastique en prose. En 1766 il publie La Nouvelle Raméide à propos de l’œuvre de Jean-François Rameau, neveu de Jean-Philippe Rameau. En 1768 il est élu membre non résidant de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon et offre des Fables dans l’esprit de celles de La Fontaine.
En 1772, Cazotte publie Le Diable amoureux qui est certainement son ouvrage le plus connu. Puis il fait paraître L’Honneur perdu et recouvré et Rachel ou la belle juive. Cazotte, royaliste fervent, devient complètement hostile à la Révolution bien qu’il ait eu quelques sympathies au début pour les réformes : il avait été élu le premier maire de Pierry.
En 1792, il écrit des Conseils au Roi Louis XVI et une correspondance contre-révolutionnaire qui va entrainer pour partie son arrestation ainsi que celle de sa fille. Ils sont libérés mais dix jours plus tard Cazotte est conduit à la Conciergerie, condamné à mort, et ses biens sont confisqués. Le 25 septembre 1792 il monte sur l’échafaud et déclare : « Je meurs comme j’ai vécu fidèle à mon Dieu et à mon Roi ».
Françoise Gevrey, Jean-Louis Haquette, dir., Visages de Cazotte, Reims, Épure, 2010, 363 p.