Jacques Amyot est né le 30 octobre 1513 à Melun où son père, Nicolas, était mégissier. La famille semble avoir eu une certaine aisance que la Légende dorée n’a pas reconnue, le faisant fuir la maison paternelle lorsqu’il avait dix ans. Il fit probablement, comme boursier, ses études à Paris au Collège fondé par le cardinal Lemoine. Reçu Maître-es-arts en 1532, il va suivre des cours au Collège royal. Peut-être un bref passage parmi les Réformés l’oblige-t-il à quitter Paris en novembre 1534 lors de l’affaire des placards. En 1535, Jacques Colin, lecteur du roi, lui confie le préceptorat de ses neveux et l’année suivante, Amyot s’installe à Bourges où il fonde une petite école. Il obtient un poste de lecteur de grec à l’Université, qu’il conservera 10 ans. En 1547, il présente sa traduction de l’Histoire éthiopique d’Héliodore à François 1er qui le charge alors de traduire Plutarque. Vraisemblablement, c’est à ce moment qu’Amyot va embrasser l’état ecclésiastique. En Italie, où il accompagne Jean de Morvilliers, nommé ambassadeur à Venise, il fréquente les bibliothèques afin d’établir les textes les plus exacts de l’historien grec et notifie aux Pères du Concile de Trente une protestation d’Henri II. De retour en France, il donne en 1554, une traduction de sept livres des Histoires de Diodore. Il va maintenant être comblé d’honneurs. Il est chargé de l’éducation des ducs d’Orléans et d’Anjou, les futurs Charles IX et Henri III. En 1559, il livre la traduction des Amours pastorales de Daphnis et Chloé de Longus et celle des Vies des hommes illustres de Plutarque (retenue pour la Bibliothèque de la Pléiade). En 1560, nommé grand aumônier de France, il reçoit aussi l’abbaye de Notre-Dame des Roches au diocèse d’Auxerre, en 1564, et vraisemblablement celle de Saint-Corneille de Compiègne, laissant celle de Bellozane à Ronsard. En 1570, recommandé au pape par Catherine de Médicis, il arrive à l’évêché d’Auxerre ; il confie d’abord la prédication à un théologien, Pierre Viel, mais, passionné par l’étude de la Bible et les écrits des Pères de l’Eglise, se réserve vite les prêches des grandes fêtes. Il se préoccupe beaucoup des protestants, nombreux à Gien et rejoint, dès sa création, l’ordre du Saint-Esprit. Il restaure la cathédrale et son orgue, détruits par les calvinistes. Musicien accompli, il participe activement aux chants, il aurait inventé un « serpent ». Il dote enfin la ville d’un collège secondaire dont il ne verra pas l’achèvement, aujourd’hui Lycée Jacques-Amyot. Familier du roi Henri III, il fut accusé d’avoir soutenu les assassinats du duc de Guise et de son frère. Mis en accusation en 1588 par le chapitre canonial, il resta isolé dans son palais, quasi ruiné. Ayant refusé de reconnaître Henri IV, ce dernier lui retira la Grande aumônerie. Il mourut le 6 février 1593 et fut inhumé dans la cathédrale Saint-Etienne où sa statue, commandée par ses héritiers, se voit encore dans l’angle d’un pilier du choeur. Ses nombreuses traductions font toujours autorité pratiquement au bout d’un demi-millénaire.-
Fortunes de Jacques Amyot : actes du colloque international, Melun, 18-20 avril 1985, éd. Michel Balard, A.-G. Nizet, 1986, 380 p., ill. ; - Plutarque, Les Vies des hommes illustres, éd. Gérard Walter, trad. Jacques Amyot, Gallimard, 1985, 2 vol., XXXII-1231 p., 1314 p. (« Bibliothèque de la Pléiade »,43-44) ; - « Lettres de l'évêque Jacques Amyot », publ. M. Quantin, Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, t. 42, 1888, p. 397-422 (document numérisé).