François Tréchot, né le 9 avril 1865 à Challuy (Nièvre), était l’aîné d’une famille de six enfants. Il a été élève de l’école des apprentis des Forges de La Chaussade à Guérigny (Nièvre) puis de l’école de maistrance de Rochefort et de celle de Brest. À la fin de 1889 il part pour le Congo français en étant chargé, avec sa compétence de mécanicien, de monter à Brazzaville un bateau à roues à aubes le Ville de Paris. Il sera ensuite rejoint par ses frères Henri, Louis et Aimé.
À cette époque, tout en aidant les autorités françaises à mettre en état et à conduire des navires pour les expéditions militaires, et notamment les expéditions Liotard et Marchand, il s’installe à son compte en créant des « factoreries », c’est-à-dire des comptoirs locaux pour lui permettre de commercer avec les indigènes. Avec des bateaux à vapeur il explore le fleuve Congo et ses affluents, tout en apprenant les langues et les coutumes locales. Il sera ainsi le premier européen à pouvoir pénétrer certaines régions du Congo.
En 1897 il fonde, avec l’aide de Savorgnan de Brazza, une société qui deviendra par la suite la Compagnie française du Haut Congo (en abrégé CFHC). Celle-ci obtiendra par le décret du 8 mars 1899 la concession du territoire qui comprenait le bassin de la Likouala-Mossaka, soit environ 36 000 kilomètres carrés. Elle avait ainsi le monopole sur ce territoire de la vente des produits finis et de l’achat des matières premières pour 30 ans et disposait d’une flotte de 12 navires en 1912 pour relier ses établissements. À la différence des autres sociétés, la CFHC s’est appliquée pendant de nombreuses années à développer ses activités. Elle a connu deux période successives : le commerce de l’ivoire et du caoutchouc puis celle des oléagineux tout en investissant dans la construction d’immeubles à Brazzaville et à Pointe-Noire.
François Tréchot va regagner la métropole pour des raisons de santé. Il est décédé le 9 juillet 1940 et repose au cimetière de Guérigny. Mais sa société sera reprise par son frère Henri, jusqu’à sa mort en 1936, puis par Louis qui est décédé en 1948. La société, après avoir fusionné avec une autre, sera reprise par la Banque d’Indochine en 1952 et dissoute en 1979. – JPG
Jean-Paul Gauthron, « L’odyssée des marins nivernais sur le fleuve Congo », Actes du colloque « Nivernais et Marines », 23 et 24 oct. 2008, 8es rencontres d’histoire de la métallurgie nivernaise, Les Amis du Vieux Guérigny 2010, p. 233-244 ; - Abraham Constant Ndinga Mbo, Savorgan de Brazza, les frères Tréchot et les N’gala du Congo-Brazzaville 1878-1960, L’Harmattan, 2008, 281 p. (« Etudes africaines »).