LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1814 ● Naissance de François Fertiault, poète du Verdunois

Le 25 juin 1914, le Comité de la Société des Gens de lettres se rendit, en « une théorie sympathique » dans le quartier de Montmartre à Paris, au domicile d’un des membres de l’association, François Fertiault, qui entrait dans sa 101e année. Le secrétaire perpétuel de l’Académie de Mâcon, Armand Duréault, avait envoyé un télégramme et une lettre accompagnée d’un bouquet… de poèmes de circonstance demandés trois jours plus tôt à ses confrères ! Car le centenaire était le doyen de la Compagnie mâconnaise, son aînée de… de neuf années. Né à Verdun-sur-le-Doubs, le 25 juin 1814, fils d’un militaire, F. Fertiault fit ses études secondaires chez un oncle à Chalon-sur-Saône, et à 16 ans composa son premier poème, La Nuit du génie... Employé de banque à Paris, il épousa en 1841 Julie Rodde, fille de Victor, fondateur de la revue Le Bon Sens, elle-même correspondante de journaux féminins et auteure d’ouvrages d’éducation pour les jeunes filles. L’année suivante, Fertiault fait paraître Les Noëls bourguignons de Bernard de la Monnoye avec une traduction littérale en regard du texte patois et précédés d’une notice sur La Monnoye et l’histoire des noëls en Bourgogne. Le couple Fertiault venait chaque année en septembre à Verdun, Le Cher Petit Pays célébré tant dans les poésies que dans les récits de folklore (Une noce d’autrefois) que dans les études linguistiques (Dictionnaire du langage verduno-chalonnais). Les époux étaient tous deux membres de l’amicale des Verdunois parisiens la Pauchouse ! Les Poèmes de larmes (1860) font suite à la mort de leur fils unique, Victor ; Voix amies (1864) alternent les deux plumes. Julie décédée en 1900, le XXe siècle parut sombre à François, hostile à l’art contemporain (Un Danger, 1903), inquiet d’une société où « il n’y aura plus de livres, on périra de trop vivre » (Les Soirs du Doyen, 1912). Le dernier recueil, À cent ans (1914) est plus serein, mais le conflit mondial le déchire et quelques jours avant sa mort survenue le 5 octobre 1915, lui arrache un ultime quatrain Gott mit uns ! « Ne la déployez plus votre noble devise / Non, non, ce n’est pas vrai, Dieu n’est pas avec VOUS / Une guerre sauvage, un crime nous divise / Criez en sanglotant : Dieu n’est plus avec NOUS ! ».- MCB

 

« Les cent ans de François Fertiault », Annales de l'Académie de Mâcon, 3e sér. t. 19, 1914-1915, p. 259-281 (document numérisé) ; -Maurice Carlot, « François Fertiault », Trois rivières, n° 17, 1980, p. 45-50, ill.