Né le 17 avril 1814 à Orléans (Loiret), Guillaume Clovis Pierre Gauguin est le premier enfant du couple Guillaume Gauguin, marchand épicier, et Madeleine Élisabeth Juranville, marié le 14 avril 1813 à Orléans. Formé à la politique par Garnier-Pagès, il travaille quelque temps au journal Le National avant d’être nommé, à l’âge de 26 ans, rédacteur en chef de L’Association, journal créé en juillet 1840 par la volonté de quelques notables de gauche de Nevers, dont Frédéric Girerd, avocat et conseiller municipal de Nevers. Peu enclin à la modération, il est rapidement remarqué par l’administration préfectorale qui note dans ses articles son aversion pour la politique du juste milieu et son appel à la réforme électorale. Cependant, son activité de journaliste radical doit heurter rapidement un certain nombre de commanditaires du journal. Ainsi, en mai 1840, Frédéric Girerd écrivait lors de la création du journal que « la modération de notre polémique ralliera à nous tous les hommes indépendants et de bonne volonté ». Avec Clovis Gauguin, la modération n’était pas à l’ordre du jour… À sa décharge, on peut remarquer que l’autre journal politique, gouvernemental celui-ci, L’Écho de la Nièvre, dirigé par Norbert Duclos, se charge de polémiquer avec lui de manière assez véhémente.
En juin 1841, Claude Tillier, instituteur originaire de Clamecy, remplace Clovis Gauguin à la rédaction de L’Association. Dans son édition du 22 décembre 1841, le journal annonce sa nouvelle destination journalistique : « C. Gauguin, ancien rédacteur en chef de l’Association, est maintenant chargé de la rédaction du Pilote du Calvados. Nous retrouvons dans cette feuille le talent et le patriotisme dont M. Gauguin a fait preuve parmi nous. » L’appréciation est certes flatteuse envers Gauguin mais nous ne connaissons pas précisément les termes de la séparation entre les propriétaires de L’Association et son impétueux rédacteur en chef. Comme dans la Nièvre, Clovis Gauguin ne reste que quelques mois au sein de la rédaction du Pilote du Calvados. Il se marie le 15 juin 1846 à Paris où naît son fils Paul le 7 juin 1848. Le futur peintre ne connaîtra quasiment pas son père qui décède loin de la France, à Puerto del Hambre, à la pointe Sud du Chili. Mais, si on connaît le lieu de son décès, la date est incertaine : est-ce le 30 octobre 1849 (Guy Thuillier et un site Internet chilien) ou en 1851 comme l’écrit Pola Gauguin, le fils de Paul (My Father, New York, 1937) ? Les derniers éléments inclinent à confirmer la 1e hypothèse. – MB
Guy Thuillier, « Un journaliste radical : Clovis Gauguin », Revue administrative, n°300, nov. 1997, p.613- 619.