Né à Chalon Sur Saône, rue de l’Oratoire, le 10 octobre 1763, Claude et son cadet, Nicéphore, beaucoup plus connu que lui et plus jeune de deux ans, effectuent d’excellentes études chez les oratoriens de Chalon et manifestent, dès leur enfance, un goût très prononcé pour la mécanique. Dans le bouleversement de la Révolution française, ils passent quelques années sous l’uniforme : Claude est officier dans la marine ; c’est au cours de cette période que semble avoir germé dans son esprit le projet d’un bateau mû ni par des voiles ni par des rames, mais par un « moteur » entraîné par l’explosion d’une substance inflammable. Les deux frères sont assez vite à nouveau réunis, à Nice dès 1791, et commencent de travailler au projet de Claude. En 1801, la famille remonte en Bourgogne, s’installe à Chalon puis dans la maison du Gras à Saint-Loup de Varennes. C’est là que Claude et Nicéphore, travaillant d’arrache pied… et engloutissant leur fortune personnelle, inventent le « premier moteur à explosion » qu’ils baptisent le « pyréolophore ». Le brevet déposé le 15 novembre 1806, enregistré à Paris le 3 avril 1807 (n° 397), signé de Napoléon 1er le 20 juillet 1807, à Dresde, comporte de magnifiques croquis de la main de Claude. Un bateau, avec à son bord les deux frères, est propulsé, à contre-courant, sur la Saône, à Chalon, à la seule force du pyréolophore. Les comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris relatent la présentation de cette invention par « le Grand Carnot » lors de la séance du lundi 15 décembre 1806. Deux idées fondamentales ont concouru à la réalisation : au lieu d’introduire un gaz sous pression dans le cylindre, comme dans la machine à vapeur, créer une surpression brutale des gaz sur le piston en provoquant, in situ, la combustion d’un corps très combustible qui devait présenter une grande fluidité pour être amené dans la chambre de combustion au-dessus du piston : pour leurs premiers essais, la poudre de lycopode est utilisée – la spore bien connue des professeurs de physique qui servait à révéler les ondes acoustiques dans un tube ; et imaginer un système complexe de mise à feu et de soupapes d’admission et d’échappement. Parti en Angleterre afin de tenter de développer cette invention, Claude est mort totalement inconnu à Kew, dans la banlieue de Londres, le 5 janvier 1828, après avoir perdu, semble-t-il, une partie de sa raison. Il repose dans un petit cimetière de la banlieue de Londres.- JCN
Joseph Roy-Chevrier, « Claude Nièpce, inventeur du moteur à combustion », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, t. 23, 1928-1929, p. 137-149.