Né à Thurey (Saône-et-Loire, canton de Saint-Germain-du-Bois) le 5 juin 1862, Alphonse Mathey, sorti de l’École nationale des eaux et forêts de Nancy en 1884, eut une brillante carrière de garde, d’inspecteur, puis de conservateur des eaux et forêts, qui se déroulera en Dauphiné et surtout en Bourgogne. En poste à Grenoble comme conservateur de 1909 à 1913, il créa le premier parc naturel français : celui de La Bérarde, actuel parc national des Écrins. Au cours des années suivantes, il plaida pour la création d’autres parcs nationaux. Il achèva sa carrière en Côte-d’Or (1913-1920). Pendant la première guerre mondiale, il fut directeur du Centre des bois, chargé de l’approvisionnement des armées française et américaine. C’est alors, en 1916, qu’il fit construire dans la forêt de Châtillon, par cent soixante-quinze prisonniers allemands internés à l’abbaye du Val-des-Choux, la route forestière qui porte toujours son nom.

Élu membre de l’Académie de Dijon dès 1903, de retour en Bourgogne, il assuma de nombreuses responsabilités associatives : président du Syndicat d’initiative de Dijon et de la Fédération des syndicats d’initiative, du Syndicat d’initiative « Bourgogne-Morvan et Plateau de Langres », des Amis des arbres de Dijon, du syndicat du commerce des bois, etc. Expert forestier international apprécié, il fit de nombreux voyages (Algérie, Australie, Suisse, Italie, Espagne, Maroc). Auteur de plus de 70 articles parus dans diverses revues, il publia trois ouvrages de référence : Le pâturage en forêt (1900), Traité d’exploitation commerciale des bois (2 vol., 1906-1908) et Traité théorique et pratique des taillis (1929). Il mourut lors d’un déplacement à Flers (Orne), en 1927.

Georges Plaisance, "Deux forestiers bourguignons : Lucien-Alphonse Fabre et Alphonse Mathey ", Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t.132, 1991-1992, p. 343-356, ill.