Arrivé à Paris en novembre 1664 au terme d’un voyage dont nous avions évoqué les étapes bourguignonnes dans les Célébrations 2014 (p. 80), Sébastien Locatelli est rappelé en Italie par son père en mai 1665. Pour ce voyage, il passa de nouveau par la Bourgogne mais en suivant, comme nombre d’autres voyageurs d’alors, la route de l’Yonne et de la Saône, beaucoup plus commode dans le sens Paris-Lyon bien qu’il faille remonter la Seine et l’Yonne en bateau. Le départ se fit à Paris le 8 mai 1665 à bord d’un coche d’eau (un bateau ayant une cabane en bois où pouvaient être entassés marchandises et passagers) bondé, « assis sur des ballots de marchandises comme sur un trône, et voyant là se jouer cent comédies à la fois ». Le 10 au soir, le voici à Sens, « première ville de la Bourgogne, province où l’on boit des bons vins qui ont la propriété de faire dormir de façon étonnante ». On apprend grâce à sa relation que la remontée de l’Yonne pouvait être facilitée par « un bon vent ». Escale à Villeneuve où le déjeuner fut riche en libations, ce qui allait égayer la suite du voyage : « les fumées du bon vin nous firent sentir leur influence qu’augmentait encore la chaleur de la cabane étroite et pleine de monde. Les chants et les plaisanteries commencèrent […] le vin qu’elle [sa voisine] avait bu m’inonda jusqu’aux genoux en pénétrant par l’ouverture de mes chausses mal fermées », ce qui provoqua éclats de rire et sifflets des autres voyageurs. Puis, escale à Joigny. Le 12 mai, le bateau s’arrête bien en aval d’Auxerre et le parcours s’achève en carrosse. Depuis Auxerre et jusqu’à Chalon, le voyage se fit, comme à l’accoutumée, en carrosse, selon un trajet qui sera celui de la Nationale 6. Étapes à Vermenton, Lucy-le-Bois, Rouvray, Saulieu, Arnay-le-Duc, La Canche, Chagny puis Chalon-sur-Saône, le 16 mai. Le 17 mai au matin, Locatelli et ses compagnons de voyage montent « dans une belle barque en forme de Bucentaure ». C’était le dimanche, un des deux jours de départ de la barque pour Lyon. Le voyage s’effectue en deux jours, ce qui signifie sans escale entre Chalon et Mâcon « où le vin blanc était excellent ». Dernière nuit en Bourgogne, très courte, quatre heures de sommeil, et embarquement direction Lyon.- PhM
Jean M. Goulenot, Paul Lidsky, Didier Masseau, Le voyage en France : anthologie des voyageurs européens en France, du Moyen-Âge à la fin de l’Empire, R. Laffont , 1995 (« Bouquins »).