Début 1465, le duc de Bourgogne Philippe le Bon est malade au point « qu’on espère plus sa mort que sa vie ». En mars, il confie la lieutenance générale, que le roi Louis XI guignait, à son fils Charles « pour la guerre de France » : le Charolais rejoint la « Ligue du Bien public », formée à l’instigation du duc de Bourbon. Dans un manifeste publié le 10 mars, les princes ont dénoncé la centralisation royale, qui est pour eux « désordonné et piteux gouvernement ». Les troupes de Charles traversent la Picardie, franchissent la Somme début juin, puis l’Oise ; la bataille s’engage à Montlhéry le 16 juillet dans une chaleur torride. Alors que la victoire paraît être sienne, Charles s’enhardit un peu trop, son porte-étendard est abattu, une épée transperce son gorgerin, son sang jaillit, il est heureusement dégagé par le fils d’un médecin parisien… Une nouvelle formation bourguignonne arrive à la rescousse, les Français se replient ; les Bourguignons restent maîtres du terrain mais le roi peut marcher vers Paris où il entre le 18. Ses affaires ne sont pas excellentes, désertions, escarmouches se succèdent, mais les troupes s’évitent. La Ligue ne résiste pas à l’épreuve du temps ; Louis sait diviser pour mieux régner, il réussit à sortir de la ville, à gagner Rouen et à faire parvenir des chars de farine aux Parisiens…
Le 3 septembre, il concède aux princes une trêve et il rejoint Charles, son ennemi le plus dangereux, dans son camp à Conflans ; il l’enroule de paroles mielleuses et obtient par la paix dite de Conflans, signée le 5 octobre, la dislocation de la coalition, en rendant cependant à la Bourgogne les villes de la Somme (cédées par Philippe le Bon). Dix jours auparavant, le 26 septembre, à Anvers, Isabelle de Charolais est décédée. Charles a perdu son plus sûr appui. Il sera très vite happé par la guerre de Liège, puis… – MCB