La décision de construire une maison de la culture à Chalon-sur-Saône est votée par le conseil municipal dès 1961 ; dix ans plus tard, le 21 novembre 1971, le ministre des Affaires culturelles, Jacques Duhamel, procède à l’inauguration d’un vaste bâtiment conçu par l’architecte-urbaniste Daniel Petit pour répondre à la polyvalence d’une action culturelle exigeante.
La notoriété de la dixième maison de la culture française est liée tout d’abord à la personnalité de Francis Jeanson qui dirige l’équipe de préfiguration. Sa nomination suscite une vive controverse car il a été condamné puis amnistié en tant qu’animateur d’un réseau de soutien au Front national de libération algérien (FLN). À partir de 1967, Jeanson prend la tête de l’équipe d’action culturelle du Théâtre de Bourgogne dirigé par Jacques Fornier puis de 1969 à 1971 avec le soutien du ministère des Affaires culturelles et du maire, Roger Lagrange, réfléchit en concertation avec la population de Chalon-sur-Saône et des environs (les 40 bornes) à la fonction d’une maison de la culture qui « peut se définir comme un lieu de rencontre destiné à amener au public le plus large, sans aucune exclusive, les biens culturels de tous ordres et du plus haut niveau, du passé et du présent ». Ces deux années de préfiguration coïncident avec une intense période de réflexion nationale sur le champ d’action des maisons de la culture. Francis Jeanson théorise et popularise en particulier deux notions : celle de non-public « qui ne saurait être considéré comme un public potentiel, qu’il s’agirait de conquérir ». Il propose également une nouvelle conception de l’action culturelle et de sa finalité : « l’essentiel de notre travail ne devra jamais être d’animer un bâtiment, mais bien à partir de ce bâtiment, d’animer une population, mieux encore de mettre progressivement cette population en mesure de s’auto-animer ».
« Aider chacun à devenir un citoyen à part entière », telle est la ligne directrice du projet développé dans un bâtiment qui fait la part belle à tous les types de spectacles.
Il abrite également une salle d’expositions, une bibliothèque et discothèque populaires, des salles de répétitions, rencontres et conférences… sans oublier la proximité voulue avec la Maison des sports.
La structure, municipalisée en 1984 à la suite des élections, prend le nom d’« Espace des arts » et reçoit le label Scène nationale en janvier 2006. – ÉL
Francis Jeanson, L’action culturelle dans la cité, Seuil, 1973, 248 p.