La « piteuse paix » convenue à Saint-Trond le 22 décembre 1465 et signée à Liège le 14 janvier 1466 au terme de quelques mois d’atrocités commises par Raes de Heers et ses compagnons de la ceinture verte excluait la ville de Dinant : les Dinantais, en querelle perpétuelle contre leurs voisins de Bouvines, avaient pendu en effigie le comte de Charolais et prétendu que celui-ci était un bâtard de l’évêque Heinsberg et d’Isabelle de Portugal ; en sus, ils avaient demandé le secours de Louis XI… Le roi les abandonnant, ils sollicitent une trêve ; Charles accepte, mais les plus hostiles au pouvoir ducal refusent tout accord. Philippe le Bon, malade, porté sur une civière, conduit alors l’expédition punitive, commandée en réalité par Charles qui a le dessein de lever une énorme rançon. L’assaut est donné le 25 août. À l’arrivée des troupes bourguignonnes, les extrémistes s’enfuient dans la forêt, le (vrai) Bâtard de Bourgogne entre dans la ville, suivi de Charles qui ne peut enrayer la fureur de ses hommes : le pillage commence (l’horloge aurait été envoyée à Beaune, la châsse de saint Perpète emportée à… Bouvines), les habitants les plus compromis sont pendus ou jetés liés deux par deux dans la Meuse, et dans la nuit un incendie éclate qui brûle l’église Notre-Dame remplie de prisonniers puis l’hôtel de ville bourré des munitions de l’artillerie : la ville entière est embrasée…
Jean-Pierre Soisson, Charles le Téméraire, Grasset, 1997 (« Le Livre de poche », 14721), p. 141-1146 ; - Klaus Schelle, Charles le Téméraire, Fayard, 1979 (« Le Livre de poche », 5409), p. 132-136.