Aux Pères de l’Église, on associe spontanément des noms liés à l’Italie, à l’Orient ou à l’Afrique. C’est passer trop vite sur le dynamisme des Églises des Gaules dans l’Antiquité tardive, dont Germain d’Auxerre est une figure majeure. Fils d’une famille patricienne de Bourgogne du nord, il naquit vers 380, ce qui le rend peu ou prou contemporain de Jérôme (347-420) ou d’Augustin (354-430). Comme beaucoup de grands évêques de l’âge d’or chrétien, il s’orienta après des études littéraires et juridiques vers une carrière civile conforme à son rang et à ses aptitudes. Marié à la riche et vertueuse Eustachie, il devint avocat auprès des tribunaux de la préfecture des Gaules. Un brillant cursus honorum s’ouvrait pour lui lorsque mourut, en 418 (407 selon le système de Ian Wood), l’évêque d’Auxerre Amâtre. Le clergé et le peuple se tournèrent alors vers Germain ; il ne faut pas s’en étonner : un évêque du Ve siècle était defensor civitatis autant que defensor fidei, et il convenait que l’élu joignît à une personnalité charismatique une « surface sociale » indiscutable. L’hagiographie veut que Germain ait résisté à cette élection, mais il ne convient pas d’accorder trop de crédit à ce lieu commun. Un épiscopat d’une trentaine d’années s’ensuivit, entre Auxerre, Provence, (grande) Bretagne et Italie. Dans la cité furent fondés un oratoire, noyau du futur sanctuaire funéraire de Germain, et un monastère voué aux saints Côme et Damien (connu plus tard comme Saint-Marien), où l’on ne croit plus aujourd’hui que saint Patrice (vulgo Patrick) ait reçu sa formation. Le lien avec le monde celtique existe cependant, si du moins il faut accorder entière créance à la tradition des deux voyages missionnaires de Germain outre-Manche. Plus sûrs sont ses déplacements vers Arles et vers Ravenne, où résidait l’empereur Valentinien III.
L’Auxerrois y traitait des affaires de haute politique, aux côtés de prélats aussi puissants qu’Hilaire d’Arles ou Eucher de Lyon. C’est à la cour impériale que mourut Germain, en 445, entouré d’une vénération qui manifeste sa notoriété et son autorité morale.
Constance de Lyon, Vie de saint Germain, éd. René Borius, Cerf, 1965, 222 p., pl. (« Sources chrétiennes », 112) ; - Saint Germain d’Auxerre et son temps : communications […] 19e congrès de l’Assoc . bourguignonne des soc. savantes, Auxerre, 1948, Soc. des sciences hist. et nat. de l’ Yonne, 1950, XXV-383 p., pl. -