La biscuiterie est fondée officiellement en 1869 par Auguste Pernot mais la guerre de 1870 l’oblige à négliger ses fourneaux ; cependant, dès avril 1870, il demande au maire de Dijon « l’autorisation de se servir d’un four qu’il fait construire dans sa maison 34 rue Devosge qui sera affecté à la fabrication des biscuits et pains d’épices ». La rue Devosge, rue neuve à l’époque, est propice à l’installation d’une usine à vapeur et la mise au point de fours à grand rendement passionne Pernot qui, en 1873, entreprend la construction de deux fours superposés, surmontés d’une étuve. Dans sa publicité, Pernot se présente comme « l’inventeur de four multiple » et obtient une médaille de bronze à l’Exposition Universelle de Paris (1878). La prospérité se lit sur le fronton de la maison qu’il construit rue Courtépée où se voient les armoiries de la ville de Dijon flanquées de pampres et l’inscription : 1879 // A. Pernot-Gille. En effet son mariage en 1864 avec Rosalie Gille lui a procuré une certaine aisance. Sa biscuiterie se veut de luxe et ne vend qu’à des grossistes. Il prend sa retraite en 1883 et vend son entreprise aux frères Richard.
Le polytechnicien Lucien Richard quitte donc l’armée pour entrer dans le monde industriel. Son frère Georges, juriste, le rejoint en 1886 : ainsi est créée la Manufacture dijonnaise des Biscuits Pernot. Conjuguant compétence et esprit d’entreprise, ils transforment l’usine à vapeur en une grande unité industrielle. Ils s’acharnent à évincer la biscuiterie étrangère, à asseoir leur réputation au plan national ; au plan international en entrant dans les comités d’organisation et les jurys des expositions universelles : le succès remporté à l’Exposition universelle de 1900 consacre la première étape d’un brillant palmarès. En 1887, l’électricité remplace les machines à vapeur ; en 1888, ils créent une usine à Genève ; en 1899, l’élégant Pavillon central, siège social de l’entreprise, est inauguré à Dijon ; en 1901, ils rachètent la biscuiterie Lalo de l’Isle-sur-Sorgue ; en 1903, ils agrandissent le site dijonnais en construisant l’usine de Jouvence. Ainsi à Dijon, l’entreprise s’étale sur 40 000 m2 avec deux unités de production : les usines Centrales et les usines de Jouvence.
Il est difficile de dénombrer les employés mais la tapisserie de boîtes de biscuits en annonce 1200. En 1916 on compte 42 ouvrières et 27 ouvriers âgés de 13 ans. Pendant la guerre de 39-45, la pénurie des matières premières oblige à ne travailler qu’une semaine sur deux. Enfin des efforts de mécanisation ont pour corollaire la baisse du personnel qui ne compte que 300 personnes en 1957 auquel s’ajoute une main-d’œuvre intérimaire d’environ 100 personnes durant les fêtes de fin d’année.
En 1903, est créée une Société de Secours mutuels (soins médicaux, indemnités maladie, cours professionnels…) ; en 1904, une bibliothèque de prêt ; en 1922, une Harmonie ; en 1930, des logements à bon marché « Cité Jouvence » et des jardins ouvriers… Fêtes et excursions rythment l’année dont le Musée de la vie bourguignonne conserve les images ainsi qu’une collection d’affiches vantant la production de la maison.
Les usines Centrales fonctionnent jusqu’en 1945, date où la fabrication est transférée à l’usine de Jouvence qui fonctionne jusqu’en 1974. Elle sera démolie en 1976 tandis que les usines Centrales le seront en 1982 ; le Pavillon central sera conservé comme témoin de l’architecture industrielle du début du siècle ainsi que la maison-mère de la rue Courtépée.