En 1816 paraît, à Paris, aux éditions Firmin-Didot, le troisième tome des Œuvres de Monsieur Gauthey intitulé Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, autrefois canal du Charolais. L’ouvrage est un recueil factice comprenant tous les mémoires rédigés par le sous-ingénieur Gauthey en vue de la création d’un canal entre Saône et Loire passant par la région du Longpendu, un mémoire sur le canal entre Dole et la Saône dont il fut chargé par les États de Bourgogne d’étudier le projet en 1781 ainsi que quelques mémoires postérieurs à 1783 et l’ouverture du chantier du canal. Le premier, daté de septembre 1785 porte sur l’Établissement des canaux de navigation, le second concerne L’Histoire du canal de communication de la Saône à la Loire par le Charolais. Ces deux dernières pièces nous sont, à ce jour, inconnues sous forme manuscrite et appellent à quelque prudence quant à leur auteur. Dans le dernier mémoire, Gauthey y est décrit à la troisième personne. À ces volumes sont adjoints des pièces justificatives (extraits de correspondance officielle et délibérations) et quelques planches gravées.
Navier, en publiant ce corpus, assure dans la préface avoir réalisé un travail que son oncle et père adoptif avait envisagé, encore que ce dernier « avait l’intention de les revoir et de les rendre plus dignes de l’impression ». Cependant, dans cette même introduction, une phrase de Navier trahit la volonté de constituer là un ouvrage à la gloire du seul Gauthey. Par sa large diffusion, sa commodité de lecture et son aspect a priori complet, le choix suggestif des pièces justificatives, ce tome des Œuvres de Monsieur Gauthey eut jusqu’à peu un rôle capital dans l’historiographie bourguignonne.
Il contribua grandement à embellir le rôle de Gauthey dans la création du canal du Centre, évinçant celui des frères Raguet de Brancion pour le compte desquels il travailla jusqu’en 1781.
Philippe Ménager, Conception et conceptualisation du canal du Charolais des années 1770 à la pose de la première pierre, Dijon, l’auteur, 2004, 2 vol. 254-44 p.,