Le 1er avril 1851, Joseph Ernest Messner est « né en son domicile » rue Marceau à Dijon, à la brasserie paternelle. Pendant la guerre de 1870-1871, il s’engage au 96e régiment d’infanterie. En 1885, avec son épouse Clotilde Desforges, d’une famille de viticulteurs nuitons, il rachète la brasserie à sa mère et la développe : entrepôt pour le houblon, logements pour les ouvriers. Tandis qu’Ernest devient président de la Chambre de commerce, conseiller général en 1892, député en 1906 (remarqué pour ses interventions sur le mouillage des vins et les abus du sucrage), sénateur en 1910, réélu en 1912, Clotilde (qui décédera centenaire en 1959) réaménage et décore la maison. En 1912-1913, le couple fait construire une seconde demeure, la « Villa Messner », rue Parmentier, seul exemple à Dijon de l’architecture néo-classique, sur des plans de l’architecte dijonnais Régis-Joseph Jardel, ornée d’œuvres du sculpteur dijonnais Eugène Piron, dont des bas-reliefs représentant le travail du houblon et de la vigne. Ernest y vivra quelques mois seulement : il meurt le 2 juillet 1914, la veille de la déclaration de guerre qui emportera son neveu et héritier.
La Villa, sauvée de la démolition par un arrêté municipal signé de R. Poujade en 1982, inscrite à l’Inventaire des monuments historiques en 1983, après plusieurs reventes, labellisée « Patrimoine du XXe siècle », abrite maintenant l’association régional de développement musicale et chorégraphique Musique- Danse-Bourgogne.
Marie-Josèphe Gaillard, « Les deux maisons du sénateur Ernest Messner », Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 141, 2005-2006, p. 137-149, ill. En noir et en coul.
ill. La Villa Messner, CP.