Le 13 août 1966, la ville de Dijon perdait son dernier rosiériste Emmanuel-Maxime Buatois. Né en 1896, il était le fils d’Emmanuel-Denis Buatois, lui-même rosiériste. Pépiniériste et horticulteur rue Ernest Petit, la passion d’E-M. Buatois était de créer des roses. Son fils s’en souvient bien : il recherchait des églantiers à Neuvon, sur lesquels il greffait un rosier domestiqué. Dès que le rejet était fleuri, il mettait des graines de pollen récoltées sur d’autres variétés de rosiers, chapeautait la rose pollinisée par lui à l’aide d’un cornet en papier journal pour la protéger des insectes, et il fallait ensuite attendre deux à trois ans pour être sûr de la bonne prise de la greffe. C’est ainsi qu’il a obtenu deux cents variétés de roses, toutes parfumées. Il a créé des roses en hommage aux membres de sa famille, Denise Buatois, beau rosier grimpant, Emmanuel Buatois, Jeanne Lallemand, ou en l’honneur de ses amis Claude Rabbe, Marc Boivin, Gabriel Noyelle, Edouard Estaunié, et bien d’autres roses encore comme le fameux Réveil Dijonnais en 1931 rose simple jaune au milieu, bordée d’orangé. Et aussi une rose noire, une rose verte.
Il a vendu des rosiers en France (Bagatelle, L’Haÿ les Roses, Lyon), mais aussi dans le monde entier, en Italie, aux USA, Philippines, Amérique du Sud… Bien qu’ayant obtenu de nombreux prix et médailles, dont plusieurs fois la médaille de la ville de Saverne et deux médailles d’or à Bagatelle, cet artiste de talent, élégant et cultivé a su rester un homme d’une très grande discrétion.
Jean-François Bazin « Roses et rosiéristes », Le Tout Dijon, FDijon, Clea, 2003, p. 813.