Né à Chinon le 11 août 1868, Théodore Ruyssen décède le 5 mai 1967 à Grenoble. Après des études au lycée Henri IV à Paris, il obtient le concours d’agrégation en philosophie. Il enseignera à La Rochelle, à la faculté des Lettres de Dijon de 1906 à 1908 puis à Bordeaux. Outre la rédaction d’ouvrages philosophiques, il consacre une partie de son existence à un militantisme pacifiste qui s’insère à la fois dans la revendication d’une époque et dans un climat de bellicisme intense dont la Grande Guerre fournit la matrice et le prototype. Théodore Ruyssen fonde l’Association de la Paix par le Droit dont il sera président de 1897 à 1948.
Il est préoccupé par cette question du pacifisme à laquelle il consacre son énergie et un engagement d’ordre éthique. Un de ses livres de chevet est l’ouvrage de Kant intitulé Vers la paix perpétuelle, essai philosophique. Il fait un séjour en Allemagne où il rencontre d’autres militants pacifistes. Chahuté et conspué par l’action française et par Maurras, il est soutenu par la Ligue des Droits de l’Homme et dénonce le risque d’une guerre qui dresserait l’Europe entière contre l’Europe.
Après l’armistice de 1918, son groupe se range aux côtés de la Société des Nations. Il milite en sympathie avec Édouard Herriot, Célestin Bouglé et, bien entendu Aristide Briand. À partir de 1933, les échecs de la SDN vont engendrer une redistribution des attitudes pacifistes, et Ruyssen, en 1938, dénoncera ceux qui sont prêts à tous les abandons. Après la guerre, il décrira désabusé une situation toute nouvelle : « L’URSS est désormais livrée à la toute-puissance d’un totalitarisme illimité, plus massif et plus écrasant que ne le fut jamais l’hitlérisme. »
Sur le plan des travaux philosophiques, Théodore Ruyssen est surtout estimé pour son ouvrage sur Kant. Moins connu peut-être, mais non moins important, est son livre consacré à Schopenhauer, qu’il a publié en 1911.
Il n’en est pas moins singulier que Ruyssen, chevalier de la paix, ait consacré quelques 400 pages au penseur le plus radicalement pessimiste que la culture allemande ait jamais produit.
Rémi Fabre, « Thédore Ruyssen et le mouvement « la Paix par le Droit », Vingtième siècle, vol. 39, 1993, p. 38-54 ; - Théodore Ruyssen, Schopenhauer, Alcan, 1911, XII-396 p., reprod. fac-sim préf. V. Stanek, l’Harmattan 2004.