Né à Dijon le 7 octobre 1591, d’une famille d’épée et de robe, fils de Philippe (ou Pierre) Le Muet, garde d’artillerie, et d’Anne de Cirey, il est mort le 28 septembre 1669 à Paris. Proche du milieu royal en raison de sa collaboration avec Salomon de Brosse, architecte du palais du Luxembourg pour la reine Marie de Médicis, pour laquelle il présente un modèle en relief dudit palais en 1616, il est pensionné par le roi en 1618 pour « travailler en modèle et élévations de maisons ». Il épouse, en 1631 ou 1632, Marie Autissier, fille de Jean Autissier, entrepreneur et promoteur du lotissement de la rue Dauphine à Paris et de ce fait entre dans le milieu parisien des architectes-entrepreneurs. Qualifié dès 1617 d’ingénieur du roi, il est ensuite ingénieur ordinaire (1623), architecte du roi (1641), enfin ingénieur et architecte du roi (1649). Il est chargé des fortifications de Picardie.
Il fait partie des architectes majeurs du classicisme français, avec François Mansart, Jacques Lemercier, Louis Le Vau. Formé dans le style maniériste tardif, il participe au développement et à l’affirmation du classicisme, principalement pour des demeures privées : hôtels Coquet (1639), d’Avaux (1644 à 1650), aujourd’hui Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Tubeuf (1649), l’achèvement du palais Mazarin (1646) et d’autres, détruits, dont l’hôtel de Chevreuse (1650), etc. ; et châteaux : Pont (1638) à Pont-sur-Seine (Aube), Chavigny (1637) à Lerné (Indre-et-Loire), achèvement de Tanlay (1643-1649). Son œuvre religieuse se signale par le plan de l’église des Petits-Pères-Notre-Dame-des-Victoires (1629) et surtout l’achèvement du Val-de-Grâce (1655).
Il traduit les traités d’architecture de Palladio, Vignole, mais l’ouvrage qui l’a fait connaître est la Manière de bien bastir pour toutes sortes de personnes, publié à Paris en 1623, au retour d’une campagne avec les armées royales. Il s’agit d’un recueil de modèles de maisons urbaines, de la plus petite à l’hôtel entre cour et jardin. Le succès est tel que son traité sera réédité plusieurs fois et traduit dans de nombreuses langues.
J.-P. Babelon, Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII, Le Temps, 1965, 292 p.