Montpelliérain de naissance (1881), Paul Cazin avait le cœur bourguignon et l’esprit polonais. Etudes élémentaires à Paray-le-Monial,  petit séminaire de Rimond, cléricat des  franciscains de Nîmes, licence es-lettres à la Sorbonne, préceptorat des deux neveux du comte Edouard Raczynski et premier voyage à Rogalin, en Pologne en 1905 : fascination de la culture polonaise et mission désormais pour l’Europe humaniste. 1908, sa première traduction est publiée, un recueil de nouvelles de Gabriela Zapolska (Oraison dominicale, Bibliothèque internationale d’édition E. Sansot). 1909, il signe des correspondances « Pawel Kazinski » et rencontre Wladislaw Stanislaw Reymont (Prix Nobel en 1924), dont il traduit les Notes de voyage au pays de Chelm (Perrin, 1912) en ajoutant un avant-titre L’Apostolat du knout en Pologne et un avant-propos tout à fait significatifs de son engagement aux côtés des Polonais opprimés. Il est depuis quelques mois secrétaire du comité « Œuvre littéraire polonaise ». 1914, il achève les Mémoires de Jean-Chrysogome Paseki, gentilhomme polonais, 1656-1688 (Belles lettres, 1922). La guerre toutefois l’amène à une écriture personnelle : L’Humaniste à la guerre, Hauts de Meuse 1915 (Plon, 1920), issu des lettres écrites à son épouse et des notes journalières prises au front, Prix Marcel Guérin de l’Académie française, puis Décadi ou la pieuse enfance à Paray (ibid., 1921). 1924, il s’installe à Autun, près de la cathédrale, ville chantée dans L’Alouette de Pâques (ibid., 1924) puis encore dans La Tapisserie des jours (ibid., 1934), qui le marquent comme humaniste du passé. 1928, il retourne en Pologne, où il est attendu, applaudi. Années heureuses. 1930, Prix du Pen-club polonais pour La Martre et la Fille de J. Weyssenhoff (Gallimard). 1932, doctorat de philosophie à l’université Jean Casimir de Lvov avec Ignace Krasicki, poète épique (1735-1801). 1934, à nouveau Prix du Pen-club polonais pour la traduction, non versifiée, de Pan Tadeusz  d’Adam Mickiewicz (PUF et Alcan) et Croix de Commandeur de l’Ordre Polonia restituta. 1935, il est chargé de cours de littérature et civilisation au Centre d’études polonaises de la Bibliothèque de l’île Saint-Louis, il livre Paul qui roule (Pologne-Italie), souvenirs de voyage, illustrés de Jacques Vallery-Radot (de Gigord). La deuxième guerre mondiale le dirige naturellement vers les réseaux de résistance dans la zone occupée. Sa Bataille d’Autun, avec les lithographies d’André Dularens (Autun, Saintyves, 1946 ; rééd. Génelard, le Caractère en marche, 1995) est un documentaire aussi intrépide que rare des journées des 8-10 septembre. Le 16 septembre, un journal nouveau parait, Le Patriote du Morvan, il en est le directeur, jusqu’au 21 octobre.  Las ! Il lui faut nourrir sa famille : en 1949, il doit vendre sa maison et sa bibliothèque, s’arracher pour prendre un poste de lecteur de polonais à l’université d’Aix-en-Provence. Il continuera les allers et retours, participations et contributions en Bourgogne et en Pologne quasiment jusqu’à son dernier souffle.  1953 : pour la restauration de la tombe au cimetière d’Aix de Konstanty Gaszynski (1809-1866), traducteur de Schiller, Byron et… Lamartine, il réussit à « remuer » et amener ensemble « toute une ville, université, clergé, armées, magistrature […] avec les communistes et les conservateurs… » 1956, il est élu membre ordinaire de l’Académie polonaise des sciences. 1959, promu officier de la Légion d’honneur, il en reçoit la croix à Paray-le-Monial.  1961 : présentation du volume La Pologne dans la collection des Albums du guide bleu. 1962, 1er-3 juin, présidence du 33ème congrès de l’Association bourguignonne des sociétés savantes réuni à Dijon, Estaunié-Lacordaire ; la rédaction de son allocution ne sera pas achevée, Paul Cazin, meurt le 12 juin suivant, il sera inhumé à Paray.

Danuta Knysz-Tomaszewska, « La double identité cultutrelle de paul Cazin (1881-1963) », Slavica bruxellensia, n° 8, 2012, 17 p. : http://slavica.revues.org/1065 ; - Actes du colloque Paul Cazin (1881-1963), Dijon, 21 nov. 1997, Autun, 22 nov. 1997, organisé par Anna Nawrocki et Francis Claudon, s.l. s. n., 1998, 217 p., ill.