Maurice Rétif, issu d’une famille d’industriels, est né à Sancoins (Cher) le 12 mai 1887. Au Lycée de Nevers il laisse le souvenir d’un élève pensant plus à portraiturer ses professeurs qu’à les écouter. Au cours des vacances de 1905, sur les murs de l’atelier de la fabrique de voitures de son père, il peint une fresque : La Glorification du Travail dont le public admira les cartons d’études lors de l’exposition du Groupe d’émulation artistique du Nivernais de 1906. Pus il part pour Paris où il fréquente l’atelier de Marcel Berronneau. Après son service militaire, il réalise l’affiche des Fêtes régionalistes de Bourges de septembre 1911. Mobilisé en 1914, il participe l’année suivante au salon des armées organisé par le général Serret. L’exposition a un énorme succès. Artilleur de tranchée, gazé, Rétif combat courageusement et reçoit la Croix de guerre. De ses souffrances et de celles de ses camarades, il a laissé en témoignage un croquis, publié dans le Journal du Groupe : En Souvenir des Nôtres, 1914-1918. La Grande Guerre terminée, dès son retour à Paris, Maurice Rétif se remet au travail. Il expose aux Salon d’automne et des Tuileries. Au Salon des Indépendants de 1920, l’État lui achète son tableau Les Crevettes Roses, souvenir de Bretagne, qui fut attribué, sur sa demande, au musée de Nevers.
De 1922 à 1929, il travaille avec le monde de l’édition, fournissant plusieurs pages de couverture pour des titres de la collection Nelson : Les Eaux printanières d’Ivan Tourgueneff (1922) ; Ursule Mirouet d’Honoré de Balzac (1922) ; La Mare au Diable de George Sand (1929) ; Le Gardien du Feu d’Anatole Le Braz (1929). Parallèlement, il mène une activité de galeriste qui lui procure des revenus complémentaires. Sous l’influence de son ami le peintre Maurice Denis, sa vocation artistique et religieuse trouve son épanouissement à l’abbaye bénédictine d’En Calcat où il entre en 1930, sous le nom de Frère Luc. Il y côtoie Dom Robert (Guy de Chaunac-Lanzac) qui est considéré aujourd’hui comme un des maîtres de la tapisserie contemporaine. Il découvre l’art du vitrail et prend part à la réalisation des vitraux d’En Calcat et de l’église Notre-Dame de Mazamet. Il met ses talents de dessinateur au service des publications de l’abbaye. Il décède le 15 avril 1966.
Maurice Bardin, Dictionnaire des peintres, sculpteurs et graveurs nivernais du XVe au XXe siècle, Nevers, Association nivernaise des Amis des Archives, 2002, p. 195 ; - Geneviève Cagnard, « Se souvenir de la carrosserie Rétif à Sancoins », La Voix du patrimoine de l’industrie, n°20, 2007, p. 4 ; - Robert Valentin, Sancoins mon village, Sancoins, l’auteur, 2000, p.101-102.