Fils de paysan, Mathurin Cordier naît à La Perrière, en Normandie, probablement en 1579. D’abord prêtre à Rouen, il fait des études de théologie à Paris et enseigne la rhétorique dans divers collèges de Paris. En 1523, il occupe la chaire de rhétorique au collège de la Marche où il eut Calvin comme élève. En signe de reconnaissance pour la formation reçue, celui-ci lui dédicacera ses Commentaires sur la 1ère Épître aux Thessaloniciens. En 1523 ou possiblement en 1528, Cordier décide de professer la grammaire et devient régent au collège de Navarre. Il passe ensuite dans divers établissements et en 1530, il est principal du collège de Nevers où il vit dans des conditions difficiles jusqu’en 1534. Les comptes de la ville gardent la trace de son séjour : en 1530, on verse 52 livres 4 sols tournois à maistre Mathurin Cordier « envoyé quérir à Paris pour l’exercice des escoles communes » ; en 1531-1532, 12 livres lui sont accordées « affin de luy donner couraige et le mander de venir continuer la bonne œuvre par luy encommencée ès dictes ecolles » et « encore 6 livres pour l’aider à vivre, luy et ses regens, à cause des grands frais qu’il a supportés par la famine et la mortalité… » C’est à Nevers, semble-t-il, qu’il rédigea, peut-être traduit, les Disticha de moribus de Dionysus de Caton (Buon, 1578). Il retourne à Paris et y rencontre Robert Estienne, lexicographe et imprimeur protestant qui éditera ses ouvrages et qui le fera adhérer au protestantisme. Il continue d’enseigner, ne s’arrêtant jamais très longtemps dans la même ville. Dénoncé pour ses idées, il doit fuir la France début 1537 et se réfugier à Genève, où il enseigne aux côtés de Calvin. Il vit par la suite à Neuchâtel où il est nommé directeur des écoles de la ville, puis à Lausanne où il prend la direction du collège inférieur de 1545 à 1547. En 1559, il quitte le pays de Vaud et regagne Genève où il retrouve Calvin. En 1652, à 83 ans, il accepte du Conseil genevois un poste de maître de classe, comme 20 ans auparavant. Il meurt le 8 septembre 1564 et est enterré, à sa demande, au cimetière de Plainpalais, près de Calvin décédé trois mois plus tôt. – EB
Guy Coquille et les auteurs nivernais du XVIe siècle : exposition, 21 septembre - 19 octobre 2003, Bibliothèque municipale, Nevers, catalogue Guy Thuillier, Nevers, Société académique du Nivernais, 2003, p. 7.