Madeleine-Sophie Barat est née le 13 décembre 1779 à Joigny d’un père tonnelier. Elle reçut une solide éducation, à l’initiative de son frère aîné Louis, clandestinement ordonné à Paris en 1795. Elle le rejoignit dans la capitale. Sous son influence elle prononça en 1800 ses vœux dans la nouvelle congrégation enseignante du Sacré Cœur, alors créée pour donner une formation chrétienne solide aux jeunes filles des milieux bourgeois et aristocratiques au lendemain de la rupture consécutive à la Révolution. Elle devait en devenir supérieure générale à vie dès le 18 janvier 1806. Largement inspirés de spiritualité ignatienne, les statuts de la nouvelle congrégation furent adoptés en 1815 et reconnus par le pape l’année suivante. Elle prit alors officiellement le nom de « Société du Sacré Cœur de Jésus ». Sous la férule des Jésuites, les fondations de collèges du Sacré Cœur se multiplièrent rapidement, en France comme à l’étranger. Pour accompagner leurs fondations et veiller sur la pédagogie qui y était pratiquée, Madeleine-Sophie Barat, malgré une santé fragile, parcourut sans relâche la France et l’Europe, tandis qu’elle envoyait ses assistantes en créer d’autres en Amérique du Nord, puis du Sud et jusques aux Antilles. Simultanément, se fondant sur la modestie de ses origines, sa culture et sa vocation première pour le Carmel, elle fut amenée à lutter contre le caractère mondain pris par certains établissements, après que, en 1820, la maison mère eut été établie à Paris dans l’hôtel Biron (actuel Musée Rodin). Elle s’opposa alors fermement à Eugénie de Grammont, très liée aux milieux légitimismes et aux Jésuites, laquelle prit la direction du collège bientôt bâti dans le parc de l’hôtel de Biron (actuel Lycée Victor Duruy). Le conflit devait se perpétuer jusqu’à son décès survenu le 25 mai 1865. La congrégation comptait alors près de 100 maisons et plus de 3500 religieuses enseignantes à travers le monde. Elle comptait encore en 2008, 2705 religieuses réparties en 412 communautés dans 41 pays.
Madeleine-Sophie Barat a été canonisée le 8 mai 1925. Ses reliques reposent depuis 2009 en l’église Saint-François-Xavier, tout près de l’ancienne maison mère dont l’évolution l’avait tant préoccupée.- FV
Bernard Richard, Madeleine-Sophie Barat, sainte de Joigny (Yonne) et sa communauté dans le monde, La gazette 89 éditions, 2009, 26 p., ill. ; - Monique Luirard, Madeleine-Sophie Barat (1779 - 1865) : une éducatrice au cœur du monde, au cœur du Christ, nouv. éd. Nouvelle cité, 1999, 191 p.-16 p. de pl. ; - Phil Kilroy, Madeleine-Sophie Barat: une vie, nouv. éd. rév., trad. soeur Pascale Dominique Nau, Cerf, 2004, 776p.-16 p. de pl. (« Histoire »).