LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1915 ● Décès de Louis Striffling, agrégé des lettres, sergent au 227e de ligne

Fils d’un notaire de Dijon d’origine alsacienne qui, en 1871, avait opté pour la nationalité française, Louis Striffling est né à Dijon, 22 rue Chabot-Charny, le 3 avril 1882. Après de brillantes études à Saint-François-de-Sales et au Lycée Henry-IV à Paris, il est reçu, en 1908, à l’agrégation de lettres. Revenu dans sa ville natale, il s’y marie, et, tout en préparant sa thèse de doctorat, il donne à l’université de Dijon une série de leçons sur l’histoire de la musique. Les musiciens qui parlent ou écrivent sur leur art ne sont pas, en général, des lettrés ; de même les lettrés ne sont pas musiciens. Louis Striffling, lui, était lettré et excellent musicien, jouant avec le violon de Jules Mercier (1819-1868), violoniste dijonnais réputé. Son Esquisse d’une histoire du goût musical en France au XVIIIe siècle a été publiée en 1913. Une charmante et solide conférence, avec auditions, « La chanson populaire en France », donnée le 12 février 1914, sera éditée à titre posthume en 1921. En effet, l’existence de Louis s’écoulait régulière et calme dans le travail et dans les joies de la vie de famille lorsque la guerre éclata. Incorporé comme sergent réserviste au 227e de ligne, il partit sur le front, comme volontaire, le 24 août 1914, convaincu de reprendre rapidement l’Alsace comme en témoignent les premiers mots de son journal de guerre : « Lundi 24 Août 1914 : Embarquement à 11 h du matin. Chants de fête ! » Las, réchappé d’une avalanche d’obus alors qu’il se trouvait avec sa demi-section dans une tranchée de première ligne, qui tua neuf hommes sur douze, la vie épuisante déterminera chez lui une indisposition dont il n’a jamais voulu reconnaître la gravité. On avait voulu une première fois l’évacuer sur l’arrière ; il s’y était refusé, voulant jusqu’à la dernière heure, donner à ses camarades, l’exemple de l’endurance devant la maladie comme il leur donnait l’exemple du courage au feu. Une fièvre typhoïde diagnostiquée, il est mort à l’hôpital de Nancy le 22 janvier 1915 à l’âge de 33 ans.- AS

Henri Chabeuf, « Louis Striffling (1882-1915) », La Revue de Bourgogne, 1915, p. 44-47.