Jules Basdevant est né à Anost en Saône-et-Loire le 15 avril 1877 dans une famille de petite bourgeoisie rurale républicaine. Son père était juge de paix à Lucenay-L’Evêque et maire d’Anost. Étudiant brillant à la Faculté de droit de Paris, il soutient en 1901 sa thèse de droit international sur La Révolution française et le droit de la guerre continentale. Agrégé en 1906, il est nommé à la Faculté de droit de Grenoble où il occupe la chaire de droit international public. La première guerre mondiale interrompt son enseignement. En 1915, il est mis à la disposition du ministère des Affaires étrangères comme jurisconsulte adjoint. En 1918, il est appelé à la Faculté de droit de Paris. Son enseignement concret se soucie du droit des gens, instrument de défense des faibles contre les forts. Il prend une part active à la préparation du Traité de Versailles et à la création de la Société des Nations. Tout en assurant son enseignement, il intervient comme conseiller juridique dans toutes les grandes négociations diplomatiques.
Il est nommé jurisconsulte titulaire en 1930 et le restera jusqu’en 1941. Contraint de cesser d’enseigner pour suivre le gouvernement à Vichy, en qualité de jurisconsulte du ministère des Affaires étrangères, il adresse le 29 mai 1941 une lettre de démission au maréchal Pétain. Refusant une « capitulation à merci », il réagit au non respect de la Convention d’Armistice et à sa conséquence, l’abandon de la neutralité de la France. Cet acte de résistance public ne sera pas sans conséquences pour sa carrière. Après sa démission, il reprend ses fonctions à la Faculté de Paris et les exerce en toute indépendance, n’hésitant pas à stigmatiser les exactions de l’ennemi. En 1942, les Allemands exigent sa mutation à Lyon, en zone libre. Celle-ci ayant été envahie, Jules Basdevant reprend en 1943 ses cours à la Faculté de droit de Paris, mais après leur interdiction par l’occupant, le gouvernement de Vichy le met à la retraite en janvier 1944. La guerre n’a pas épargné sa famille. Un fils est tué lors de l’offensive allemande de mai 1940, un deuxième blessé, un troisième prisonnier en Allemagne. Le plus jeune, âgé de 17 ans, est lâchement assassiné par les Allemands près d’Anost en juillet 1944. La même année, Jules Basdevant est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques et il retrouve jusqu’en 1946, ses fonctions de professeur à la Faculté de droit de Paris et de jurisconsulte au ministère des Affaires étrangères.
Après la guerre, la Cour internationale de justice de La Haye remplace la Cour permanente. Jules Basdevant qui a participé à l’élaboration de la Charte de l’ONU et au statut de la Cour, est désigné comme juge. Ses qualités lui valent en 1949 d’être élevé à la présidence, couronnement d’une grande carrière. Réélu membre en 1954, il conserve ses fonctions jusqu’en 1963. L’année suivante, le Général de Gaulle lui remet la cravate de commandeur de la Légion d’honneur. Pour l’honorer, la Cour internationale a fait ériger son buste dans son palais.
Il avait la vocation d’enseigner et était très attaché à ses étudiants. Jules Basdevant a mené une vie exemplaire régie par deux principes, le sentiment de l’honneur et le respect du droit. Il n’a jamais transigé ni avec l’un, ni avec l’autre. Malgré les hautes fonctions qu’il a exercées et tous ses titres, ceux qui l’ont connu mettent en avant sa modestie et sa simplicité. Il a présidé la Société Éduenne d’Autun et a contribué à son organisation. Il s’est intéressé au bon fonctionnement du Musée Rolin. En 1967, à 90 ans, il fut un des premiers membres d’honneur de l’Académie du Morvan. Jules Basdevant est décédé à Anost le 7 janvier 1968 à l’âge de 91 ans. Une avenue d’Autun porte son nom.
Henri Mazeaud, Notice sur la vie et les travaux de Jules Basdevant (1877-1968) lue dans la séance du mardi 24 février 1970, Institut de France, 1970, 20 p. ; - Suzanne Bastid, « La tradition morvandelle pour Jules Basdevant », Bulletin de l’Académie du Morvan, n° 17, 1983, p. 3-19, ill. + annexes p. 21-26.