Jean Tassel naît le 20 mars 1608 d’une dynastie d’artistes langrois. Son père, Richard, peintre, architecte et sculpteur, est échevin et notable de la ville ; sa mère, Marguerie Louys, est la fille d’un orfèvre. Formé au métier de peintre par son père, Jean fait le voyage en Italie : il est signalé à Rome en 1634 et de retour à Langres en 1647, date de son mariage.
Fidèle interprète du catholicisme de la Contre-Réforme, l’artiste obtient les commandes pour les églises et les couvents du diocèse de Langres qui comprenait Dijon. C’est dans cette ville qu’il eut à répondre aux plus importantes commandes de paroisses, de communautés religieuses et de familles de parlementaires.La majeure partie de sa production dijonnaise est réalisée pour le couvent des ursulines et sa chapelle, consacrée en 1643 : Le Couronnement de la Vierge par l’Enfant Jésus, Présentation de l’Enfant Jésus au Temple, Portrait de Catherine de Montholon…Après 1650, la diversité des commandes, résultat d’une notoriété accrue, conduit Jean Tassel vers une production plus variée : tableaux religieux, portraits, scènes mythologiques (L’Enlèvement d’Hélène) et sujets de genre (Les Scieurs de long).De son séjour en Italie, Tassel en a retenu la leçon caravagesque (réalisme et emploi du clair-obscur) et celle des grands maîtres de l’Ėcole bolonaise (Guido Réni, Le Guerchin) : coloris inattendus et raffinés, traitement chatoyant des étoffes colorées. Dans ses compositions où le sentiment de la nature est très profond, il adopte une simplification géométrique (en pyramide ou en oblique), un éclairage vif et incisif, avec des ombres fortes et tranchées. Sa palette, d’une audace savante, souvent froide, est riche en gris et en bruns. Très caractéristiques sont ses visages féminins au front bombé, au long nez mince, aux yeux en amande marqués d’un trait noir sous une lourde paupière, au grand cou. C’est à Langres que s’éteint, le 6 avril 1667, un des meilleurs peintres provinciaux du XVIIe siècle, à la production variée, exemple d’un artiste demeuré fidèle à sa province, mais ouvert aux grand courants de son époque.
Henry Ronot, Richard et Jean Tassel, peintres à Langres au XVIIe s., préf. J. Thuillier, Nouv. éd. latines, 1990, XV-367 p., 102 p. de pl.