Jean Chandioux est né le 21 mars 1849 à Luzy (Nièvre). Son père, Gilbert, forgeron a défendu la Seconde République contre les monarchistes et les bonapartistes ; il sera arrêté deux fois (novembre 1851, mars 1858) et « transporté » en Algérie, laissant son épouse et ses enfants sans ressources – il n’est pas étonnant que son fils aura une certaine rancune contre les notables qui l’avaient dénoncé.
Pendant le siège de Paris, Jean Chandioux fait partie du 80e bataillon de marche, et fréquente assidûment Jules Miot, ancien représentant du peuple et membre de la Commune de Paris. Commissaire délégué de la Commune de Paris à Cosne par le Gouvernement insurrectionnel, il sera condamné pour cela à cinq ans de prison. Libéré en 1876, il revient dans sa ville natale où il fonde une maison de commerce de cuirs et crépins et une petite imprimerie qui prospère. Attiré par la politique, il entre en 1882 au conseil municipal de Luzy, puis est maire en 1884. il déploie des efforts importants pour l’instruction publique (école enfantine puis école de filles). Depuis l’arrivée du train en 1857, Luzy était devenu un canton prospère ; Jean Chandioux fait des foires de Luzy un point de rencontre pour les produits des industries d’Autun et du Creusot, de l’agriculture et de l’élevage du Morvan.
Élu conseiller général en 1892 pour le canton de Luzy, puis député en 1893 de la circonscription de Château-Chinon, inscrit au groupe républicain radical, il appartient à diverses commissions et rapporte quelques projets de lois d’intérêt local. Réélu en 1898, 1902 et 1906, il fait partie de diverses commissions (patentes, inhumations, marine, établissements de bienfaisance privée et de l’État, commerce et industrie, et même reconstruction d’une salle de séances). Son caractère devient cependant irascible et autoritaire, il a de fortes inimitiés dans son parti et même au conseil municipal : il échoue aux élections générales où M. Pierre Heuzey emporte son siège au premier tour de scrutin. Resté maire de Luzy, Chandiioux est accusé, en septembre 1915, d’avoir commis des irrégularités dans la gestion des deniers de sa commune et de l’hôpital, ainsi que dans la répartition des fonds du département et de l’État pour l’accueil des réfugiés. Une enquête est ouverte. Il meurt deux mois plus tard à Paris, le 12 novembre 1915 d’une crise d’urémie et est enterré civilement le 17 novembre. – MP
Jean-Pierrre Mordier, « Jean Chandioux, l’émancipation du Sud-Morvan », Des Morvandiaux de l’ombre à la lumière, 2, Moulins-Engilbert, J. Bernard, 2011.