Jacques Tenon est né le 22 février 1724 à Sépeaux près de Joigny. Son père et son grand-père y avaient été chirurgiens mais peu de temps après sa naissance, son père s’installa à Courtenay. À la tête d’une nombreuse famille qui atteignit jusqu’à onze enfants, son père eut du mal à les nourrir. Aussi, à dix-sept ans, Jacques Tenon qui souhaite devenir médecin part pour Paris et s’installe chez son parent l’avocat Nicolas Prévot. Accueilli au Jardin du Roi par Winslow, il devient à vingt ans chirurgien de première classe à l’armée des Flandres puis en 1749 et pour six ans, il est premier chirurgien de la Salpétrière où il va favoriser l’inoculation de la variole. Sa réputation est déjà importante et après sa thèse d’ophtalmologie De Cataracta soutenue le 14 janvier 1757, il enseigne à l’Académie royale de chirurgie, la pathologie, puis l’ostéo-pathologie dont il devient titulaire de la chaire de 1771 à 1793. En 1759, il avait été élu dans la section d’anatomie de l’Académie des sciences. En 1785, Louis XVI lui confie la rédaction d’un rapport sur les mauvaises conditions d’hygiène des hôpitaux : on comptait pour l’Hôtel-Dieu et la salle Saint-Charles, par exemple, 413 malades pour 119 lits ! Ce rapport, Mémoire sur les hôpitaux de Paris, publié 3 ans plus tard fit sensation et restera un pieux modèle (lits individuels et isolation des patients contagieux, service de maternité etc.). Pendant la Révolution, Tenon qui aimait quitter Paris pour retrouver calme et air pur à Massy fut député à l’Assemblée Législative, représentant les habitants de Massy (1791-1792). Demeuré royaliste, il se retira de la vie politique après le 10 août 1792. Le 9 décembre 1795, son élection à l’Institut le tira partiellement de son exil. C’est ainsi qu’après avoir étudié en 1757 les maladies dues aux effets du mercure utilisé par les chapeliers, il revint sur ce sujet le 20 août 1804 dans un mémoire présenté à l’Institut (1ère classe des sciences) sur les dangers du mercure, toujours actuel, mais plus pour les chapeliers. En juillet 1815, sa maison de Massy fut pillée par des soldats russes. Il dut revenir à Paris dans sa maison au 3 de la rue du Jardinet. Resté célibataire, dépouillé de ses notes, il ne survécut pas longtemps à ce malheur et mourut le 15 janvier 1816. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise. Un hôpital parisien porte son nom. Le 26 mai 1974, la commune de Sépeaux inaugura une plaque à sa mémoire.
Michel Valentin, « Jacques Tenon (1724-1816), précurseur de la Médecine sociale », communication présentée à la séance du 25 janvier 1975 de la Société française d’histoire de la médecine, bonnes références in fine.