Né le 3 mai 1895 à Lyon, décédé le 5 avril 1969 à Cannes, Gabriel Chevallier doit sa notoriété ébouriffante à un roman paru en 1934, qui obtient un immense et international succès : Clochemerle. De savoureuses querelles au sein d’une petite ville, sous des portraits bien croqués. Cet écrivain vient alors de publier La Peur, roman inspiré par la Grande Guerre, proche de Barbusse et Dorgelès. Cette plume change alors de ton. L’auteur le raconte : « Lorsque j’entrepris Clochemerle, entreprise scabreuse, j’ignorais où elle me conduirait. Mon sujet, c’était ni plus ni moins que la vie d’un village. Mais quel village ? À vrai dire je n’en connaissais qu’un, bourg mi-agricole et mi-industriel du Charolais où j’avais passé les vacances de ma jeunesse. C’était là que s’était faite mon imprégnation campagnarde, assez superficielle, car j’avais peu participé à la vie de ses habitants. Ainsi d’une vieille marquise à demi ruinée, que je voyais passer dans son automobile et apercevais à la grand-messe du dimanche, je fis la baronne de Courtebiche (…) »

Bref, nous sommes en réalité à Gueugnon en Saône-et-Loire mais Clochemerle sera vite récupéré par Vaux-en-Beaujolais qui accueillera en fanfare la fameuse pissotière, le curé Ponosse, Justine Putet et les autres. C’est ainsi que cette histoire et ses suites passent définitivement de la sage vallée de l’Arroux aux vignes truculentes du Beaujolais… Clochemerle va devenir ainsi un nom commun pour désigner un village déchiré par des querelles burlesques.

Pierre Thomas, « Rendons à Gueugnon ce qui est à Gueugnon ou la vérité sur Clochemerle », Images de Saône-et-Loire, n° 51, 1982, p. 10-11 ; Lucien Taupenot, « Gabriel Chevallier en Charolais », ibid., n° 136, décembre 2003, p. 3 ; - Gabriel Chevallier, L’envers de « Clochemerle », propos d’un homme libre, Flammarion, 1966, 459 p.