Fernand Dubief – avec Ferdinand Sarrien, maire de Bourbon-Lancy et président du Conseil – fut l’un des deux grands hommes politiques de la IIIe République en Saône-et-Loire. Fils d’un avocat mâconnais républicain, déporté et exilé après le coup d’État du 2 décembre, Fernand Dubief, médecin aliéniste, maire de Romanèche-Thorins puis de Prissé, fut député pendant de longues années de 1896 à 1910, puis de 1914 à 1916. Il fut ministre du commerce, de l’industrie et des PTT en 1905, puis ministre de l’Intérieur de novembre 1905 à mars 1906.
Radical socialiste déterminé, il fut un bel exemple du notable politique de la IIIe République. Patriote, il combattit volontairement en 1870 dans l’armée de la Loire puis dans l’armée de l’Est.
Il défendit les crédits pour subventionner les activités dans les colonies d’Extrême-Orient et les futurs départements d’Outre-Mer. Il fut bouleversé par la mort de son fils au Front en 1914.
Dubief a soutenu avec beaucoup de conviction les vignerons et les activités viticoles dans de nombreuses discussions budgétaires. Homme de gauche, membre du Conseil supérieur du travail, il fut sensible à la question sociale, au salaire ouvrier, aux lois du travail notamment dans les mines ; il défendit les grévistes du Creusot en 1900. Médecin humaniste, il eut la satisfaction de faire voter en 1907 une loi importante concernant les aliénés. Laïque convaincu, il intervint souvent dans les discussions concernant l’instruction publique, par exemple en faveur de la laïcisation des écoles primaires de filles ou des maîtres des collèges. Il fut un actif ministre de l’Intérieur au moment de la loi de séparation de l’Église et de l’État et des incidents graves survenus lors des inventaires religieux. Homme d’ordre, il intervint avec compétence dans les discussions sur l’organisation de la police à Paris, Lyon et Marseille, sur les prisons etc.
Il fut élu quelques semaines avant sa mort président du Conseil général de Saône-et-Loire en 1916, succédant à Sarrien. Lors de ses funérailles, le président de la Chambre des députés salua cet « enfant de la démocratie mâconnaise qu’il chérissait d’une tendresse filiale… il nous a légué l’amour de la France, le culte de la liberté et des lois ».