Claude Bouché est né à Blanzy le 22 décembre 1842. Le nom de son père, orthographié Bouché, fut corrigé par un acte du Tribunal civil d’Autun (15 juillet 1909). Dès sa 12ème année, Claude commença de travailler dans la verrerie locale avec son père, potier-verrier. Il s’intéresse vivement à ses tâches, notamment à la chimie du verre et à la fabrication des bouteilles, étudiant pour cela le soir après sa journée commencée pourtant à 4 heures ! A vingt ans, parfait ouvrier du verre, il est employé à La Tremblade (Charente maritime) avant de prendre la direction de la verrerie de Faymoreau (Vendée) tout en effectuant des recherches en laboratoire sur l’étude des fours, des creusets, des argiles et du verre. Il s’installe enfin à Cognac où il rachète et modernise la verrerie Saint-Martin. Il invente d’abord un four de fusion à travail continu, d’une capacité de 400 tonnes de verre, trois équipes d’ouvriers produisent 55 000 bouteilles par jour. Pour mettre les ouvriers « cueilleurs » à l’abri de la température du four et de la réverbération du verre incandescent, il invente le tube plongeur en argile-réfractaire, puis encore un moule tournant. La fabrique fermée en 1890-1892 par suite de grèves, il imagine une machine à fabriquer les bouteilles qui sera vraiment opérationnelle en 1898. Initialement, la technique consistait à souffler le verre incandescent avec une canne. Claude Boucher réussit à vaincre les difficultés, notamment la casse qui était importante ; trois ouvriers étaient nécessaires : le premier, le cueilleur, déposait le verre en fusion dans le moule ébaucheur porté à une température de 600 à 700°C ; le moule, retourné au moyen d’un volant, le mouleur donne alors, par injection d’air comprimé, sa forme à la bouteille qui est placée dans le moule finisseur ; celui-ci est refermé puis rouvert, et la bouteille portée dans le four de recuisson. La Société d’encouragement pour l’industrie nationale lui décerne une grande médaille d’or et en 1902, l’Académie des sciences lui donne le Prix Montyon pour son invention, également pour l’amélioration de l’hygiène et des conditions de travail des ouvriers. Le bâtiment Saint-Martin devenu trop petit, en 1903, une nouvelle verrerie est installée sur les hauts du faubourg Saint-Jacques.
Claude Boucher décède le 12 novembre 1913. La verrerie est reprise par ses fils James et Alfred. En 1919, Saint-Gobain deviendra majoritaire dans la société, le four fonctionnera jusqu’en 1940 et le système de Claude Boucher était utilisé en 1960 pour la fabrication de bouteilles spécifiques en petites séries, lorsque Saint-Gobain fermera l’usine. Le collège de Cognac porte le nom de Claude Boucher, très présent également au musée d’art et d’histoire de Cognac : proche d’Émile Gallé, il avait réuni une belle collection de verrerie Art Nouveau.- MP