Charles de Montalembert naît le 15 avril 1810 à Londres, son père ayant épousé en émigration une Écossaise, Élise Rosée Forbes ; il meurt le 13 mars 1870 à Paris, avant la chute du Second Empire et celle des États pontificaux. Tour à tour journaliste, historien (on lui doit une étude monumentale sur les « moines d’Occident »), homme politique, il devient Pair de France en 1831. Membre des assemblées constituante et législative de la Seconde République puis membre du corps législatif du Second Empire, il prend part aux grands débats de son siècle. Farouche défenseur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, il est l’un des auteurs de la Loi Falloux libéralisant l’instruction publique (1850). Partisan de la séparation de l’Église et de l’État, il résume cette idée (qui devint réalité 35 ans après sa mort) par une formule fameuse, « L’Église libre dans l’État libre ». Catholique libéral, il est en opposition à la fois avec les catholiques réactionnaires et les libéraux ou les révolutionnaires antireligieux. Il prône la souveraineté absolue du pape en matière religieuse, l’émancipation des nations européennes, la décentralisation et l’extension du régime électif. Il est ami avec Henri Lacordaire (né à Recey-sur-Ource en 1802, futur restaurateur de l’ordre dominicain en France), avec lequel il crée en 1830 le journal L’Avenir, dont la devise résume parfaitement la vie et l’œuvre de Montalembert : « Dieu et la liberté ! » Il développe ces principes dans un discours prononcé en 1863 à Malines : « L’inquisiteur espagnol disant à l’hérétique : la vérité ou la mort ! m’est aussi odieux que le terroriste français disant à mon grand-père : la liberté, la fraternité ou la mort ! »
Les archives de Charles de Montalembert sont conservées au château de La Roche-en-Brenil (Côte-d’Or), acquis par lui en 1841 et toujours dans la famille. Elles ont été numérisées et mises en ligne sur www.archives.cotedor.fr grâce à une souscription de la Fondation du patrimoine et avec l’aide de l’Association des amis de Montalembert. Constituées de manuscrits tels que des préparations de discours, pensées et notes personnelles, mais également de correspondances avec des amis et collègues de toute l’Europe, de comptes rendus et d’essais, ce très important fonds d’archives, rendu disponible à tous à l’occasion du 150e anniversaire de sa mort, retrace la vie d’un intellectuel doublé, d’un homme d’action, qui aima également Dieu et la liberté.