Belle figure que celle de Brunon de Roucy, né vers 956, fils cadet de Renaud, comte de Reims, élève dans cette ville de Gerbert, qui sera le pape de l’an mil, nommé par son oncle Lothaire évêque de Langres à 24 ans ; son long épiscopat est l’un des plus forts de l’église langroise. À la tête de la puissante seigneurie de Langres, il s’entoure des nobles de son milieu familial qu’il contrôle ; il est mêlé à la guerre de Bourgogne ouverte en 1002 au décès, sans héritier mâle, du duc Henri le Grand : il prend parti pour le fils adoptif de celui-ci, Otte-Guillaume, époux de sa sœur Ermentrude, afin de garder le comté de Dijon, obtenu de Lothaire par son anté-prédécesseur, Achard. Otte signe rapidement un accord avec Robert et s’en va se faire voir en Italie, Brun continue la résistance. « Champion par excellence de l’autonomie de la Bourgogne », selon la Chronique de Saint-Bénigne, il fait échouer le siège par le roi de Dijon, défendue par Humbert de Mailly, et Robert, soutenu par le seul évêque d’Auxerre Hugues de Chalon, ne pourra reprendre le castrum qu’à la mort du prélat en 1016. Cependant, l’œuvre pastorale de Brunon fut plus durable que sa politique et elle lui vaut des témoignages enthousiastes des moines dans les chroniques : « large dans ses aumônes, assidu aux veilles, de bonnes paroles et de charité parfaite, prodigue d’humanité… »
Aussitôt installé, il réforme l’abbaye de Saint-Bénigne, demandant pour cela l’aide de l’abbé de Cluny, Mayeul, qui lui envoie Guillaume de Volpiano : les deux hommes rétablissent la discipline et conduisent les travaux de la grande église romane.
Brun aida d’autres monastères, Tonnerre, Bèze, aussi les chapitres de chanoines séculiers, Châtillon, Saint-Geosmes, etc.
Martine Chauney, « Deux évêques bourguignons de l’an mil : Brunon de Langres et Hugues Ier d’Auxerre », Cahiers de civilisation médiévale, 21e année, 1978, p. 385-394 ; - Aux origines d’une seigneurie ecclésiastique : Langres et ses évêques VIIIe-XIe s., actes du colloque Langres-Ellwangen, Langres, 28 juin 1985, Société d’histoire et d’archéologie de Langres, 1996, 220 p.