Né le 7 avril 1825 à Semur-en-Auxois, Augustin-Bernard Mouchot, titulaire d’une licence de mathématiques et de physique de l’Université de Dijon, enseigna les mathématiques dans les lycées d’Alençon, de Rennes, puis de Tours.
Ses recherches en mathématiques se concrétisèrent par la publication de deux livres : La réforme cartésienne étendue aux diverses branches des mathématiques pures (Gauthier-Villars, 1876) et Les nouvelles bases de la géométrie supérieure (ibid., 1892) et lui ont valu d’obtenir à deux reprises (1891 et 1892) le prix Francoeur décerné par l’Académie des sciences. Mais Mouchot a une passion : développer l’utilisation industrielle de l’énergie solaire et trouver un moyen pratique de recueillir et d’utiliser directement les rayons solaires au profit de l’agriculture et de l’industrie dans les régions les plus chaudes du globe, car « il arrivera nécessairement un jour où, faute de combustible, l’industrie sera bien forcée de revenir au travail des autres agents naturels. Il est prudent et sage de ne pas s’endormir à cet égard dans une sécurité trompeuse », annonçait-il en 1869 dans La chaleur solaire et ses applications industrielles (Gauthier-Villars) où il décrit l’ensemble de ses travaux (2e éd. rev., 1879)… Après diverses expériences reconnues et récompensées en 1876 par une médaille d’argent décernée par le ministre de l’Instruction publique au titre des récompenses accordées aux sociétés savantes, Mouchot obtint l’année suivante du Ministère une autorisation de mission en Algérie, prolongée jusqu’en 1880. À la suite des résultats prometteurs de ses essais, il réunit les crédits nécessaires pour présenter à l’exposition universelle de Paris en 1878 le plus grand récepteur solaire jamais réalisé. La vapeur produite actionne, sous une pression constante d’environ 3 atmosphères, une pompe qui élève de 1 500 à 2 000 litres d’eau par heure à une hauteur de deux mètres. Le jury de l’exposition lui décerne une médaille d’or et il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 20 octobre 1878. Atteint en Algérie d’accès de fièvre qui ont amené chez lui une surdité assez prononcée, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite à compter du premier juin 1880. Il passa les dernières années de sa vie à Paris où il mourut quasiment dans l’anonymat le 4 octobre 1912. Le pétrole qui commençait à couler à flots et le développement du moteur à explosion avaient anéanti ses espoirs. Le soleil reste un mythe et Mouchot a rejoint avec ses appareils les oubliettes de l’histoire des sciences.
Bernard Quinnez, "Augustin-Bernard Mouchot (1825-1912) : un missionnaire de l'énergie solaire", Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 142, 2007-2008, p. 297-321, ill.